- Ses traitements
Le traitement de l’hyperthyroïdie comprend trois applications : les médicaments, la chirurgie et l’iode radioactif.
- Les médicaments sont les antithyroïdiens de synthèse ou ATS. « Ils permettent de bloquer les différentes étapes de la synthèse des hormones thyroïdiennes, informe le Docteur Pierre Nys. Différentes modalités de prescription sont possibles. On préfère aujourd’hui la méthode dite de Romaldini, du nom de son inventeur, qui consiste à administrer de fortes doses d’antithyroïdiens pendant 18 mois, auxquelles on adjoint la prescription d’hormones thyroïdiennes pour compenser l’hypothyroïdie inévitable que provoque ce mode de prescription. On prend donc à la fois la dote et l’antidote, ce qui a pour avantage de stabiliser rapidement l’hyperthyroïdie. Après 18 mois, on stoppe la prise des médicaments et l’on surveille l’évolution de la maladie. La guérison est obtenue, selon les situations, dans 70 à 75 % des cas. Ce traitement est d’autant plus efficace que les femmes sont plus jeunes et qu’elles n’ont pas de goitre volumineux. Si l’on observe des récidives après quelques mois, il est possible de prescrire une nouvelle cure d’ATS, mais le plus souvent, on aura recours à une autre méthode thérapeutique, chirurgie ou iode radioactif. Le traitement médical par ATS ne doit pas être poursuivi indéfiniment. Il existe des effets indésirables : intolérances digestives, rares accidents cutanés allergiques et, encore plus rare, atteinte de la fabrication des globules blancs (neutropénie). Les ATS sont contre-indiqués en cas de grossesse. En effet, ils sont susceptibles de traverser le placenta, de bloquer le fonctionnement de la thyroïde fœtale et d’occasionner l’apparition d’un goitre chez le fœtus. Celui-ci peut poser des problèmes mécaniques à l’accouchement surtout s’il est volumineux. Certaines malformations de l’embryon sont également imputables aux ATS. Une femme enceinte ainsi traitée peut poursuivre sa grossesse, mais en réduisant au minimum les médications sous couvert d’une surveillance stricte ».
- La chirurgie ne peut être pratiquée qu’une fois après avoir réduit l’excès hormonal. Pour cela, on a recours volontiers aux ATS à forte dose pendant un ou deux mois. L’intervention est appelée thyroïdectomie.« La guérison d’une hyperthyroïdie est obtenue, selon les cas, dans 70 à 75 % des cas. » « Il s’agit de l’ablation de la glande thyroïde, dans sa quasi-totalité en cas de maladie de Basedow, de façon partielle quand l’hyperthyroïdie est liée à un adénome toxique, relève notre endocrinologue. Volontairement, dans la maladie de Basedow, afin d’éviter des récidives très mal supportées, le chirurgien préférera pratiquer une intervention trop « large », enlevant la totalité de la glande. Admettez qu’il est plutôt déplaisant de se faire opérer pour rien ! Les complications chirurgicales sont très rares et de toute façon réversibles ». Pour notre spécialiste, vous n’avez rien à redouter de l’opération. « On peut même la qualifier de « petite » intervention, à condition qu’elle soit réalisée par des chirurgiens expérimentés. Seul risque (minime) encouru : une atteinte des nerfs récurrents ou une insuffisance parathyroïdienne. La guérison est immédiate. Le corollaire sera l’hypothyroïdie, qu’il est aisé de traiter ».
- Le traitement par iode radioactif est appelé irathérapie. Il vise à administrer de l’iode radioactif qui adhère à la glande thyroïde et en cesse l’activité. Mais ce blocage n’est pas instantané. Il peut prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois. L’administration de plusieurs doses d’iode est donc parfois indispensable. « Ce traitement présente l’avantage indéniable de ne pas être douloureux et de ne nécessiter aucune hospitalisation, bien que l’administration d’iode radioactif soit réservée à certains centres agréés, met en évidencenotre intervenant. Il existe un risque théorique de mutation génétique induit par la radioactivité. C’est la raison pour laquelle, en France, ce traitement est contre-indiqué chez la femme en âge de procréer. A long terme, l’hypothyroïdie est presque inévitable, se manifestant parfois plusieurs années après l’irathérapie. Mais comme elle est attendue, elle est dépistée très tôt et son traitement est toujours efficace. On a coutume de dire que, après une irathérapie, 100 % des personnes développent une hypothyroïdie (si on les suit très longtemps) ».