Cette actrice à la beauté féline possède probablement le regard le plus magnétique de tout le cinéma français. Trop vulnérable et trop fragile, elle a accumulé les dérives avant de trouver la sérénité dans les bras d'un prince charmant. Emouvante de sincérité, elle se confie aujourd'hui à Savoir Maigrir sur ses bonheurs actuels.
avoir Maigrir : Pourquoi avoir choisi de sortir cette autobiographie aujourd’hui, à presque 40 ans ?
Fiona Gélin : C’est devenu une autobiographie, mais au départ c’était surtout un livre basé sur la psychiatrie et la toxicomanie. Je l’ai ecrit maintenant, parce que Michel Lafon m’a appelée il y a un an et demi et que j’étais obligée de m’en être sortie pour être capable d’en parler.
S.M. : Vous y racontez des choses très dures, en les livrant toujours avec une grande sincérité. La drogue, les séjours en hôpitaux psychiatriques... n’avez-vous pas peur d’être jugée négativement ?
F.G. : Je ne pense pas, étant donné que ce que je raconte est toujours extrêmement sincère. Comme je m’en suis sortie, je pense que ce livre est plutôt basé sur l’espoir. J’espère pouvoir aller à la rencontre de gens ayant le mal de vivre, pas forcément lié à la toxicomanie ou à l’alcool puisqu’on peut être dépendant de plein de substances. C’est vraiment quelque chose qui me tient à coeur. Je me rends compte que ce livre, et les journalistes me le disent, est extrêmement courageux car il est très intime... mais c’est mon caractère. J’ai toujours été très franche, et là j’ai utilisé mon écriture pour pouvoir décrire, justement, l’intérieur de la douleur. Pour que les gens se rendent compte que c’est grave, et que si moi j’ai pu m’en sortir, tout le monde n’a pas cette chance.
S.M. : Pourtant, dans le milieu du show-biz, les problèmes de drogue sont courants,
ce n’est pas pour ça qu’on en parle...
F.G. : Oui, mais j’avais aussi une étiquette qui n’était pas la bonne. On m’avait cataloguée bimbo, sex-symbol ou fille facile à cause de mes photos de nus et de mon physique qui faisait fantasmer les mecs. Cette image me faisait pourtant extrêmement mal, alors j’en ai profité pour écrire un livre-vérité, pour le public qui me suis depuis longtemps. Je suis contente de faire la promo de ce livre, mais c’est quelque part épuisant car, même si pour moi c’est du passé, ça reste encore douloureux. Et papa n’est plus là, alors que j’avais tant besoin de ses conseils... Ma thérapie, je la vis en ce moment, au quotidien, en parlant du contenu de ce bouquin. C’est marrant, les gens me parlent de mon courage mais je ne m’en rends pas compte. J’ai tellement culpabilisé, j’ai tellement eu honte d’être en pleine forme et de tout gâcher en me foutant en l’air comme ça... Je ne suis fière de moi que pour une chose : c’est de m’en être sortie. Aujourd’hui, je suis heureuse que ce livre soit aussi bien reçu par le public... je reçois énormément de lettres de mamans qui sont ravies d’avoir enfin trouvé un livre vérité qui raconte l’envers du décor.
S.M. : En lisant votre livre, on décèle chez vous une immense sensibilité voire une fragilité extrême. Avez-vous réussi, aujourd’hui, à vous protéger émotionnellement ?
F.G. : Oui. J’apprends chaque jour. En même temps, mon jeu de comédienne vient aussi énormément de cette fragilité extrême.
« “ Je suis fière de m’en être sortie ”. » Je pense également que le fait de ne pas avoir été en accord avec moi-même pendant longtemps me permet aujourd’hui de garder les pieds sur terre et de rester humble. Une chose étrange qui m’étonne moi-même, c’est que depuis la mort de papa, je me suis beaucoup affirmée. Quelque part, je me fais peut-être aujourd’hui ma propre carapace, alors que j’aurais dû m’affirmer comme ça depuis déjà pas mal de temps. Je suis à un âge où je sais maintenant qui je suis, ce qui n’était peut-être pas forcément le cas à 20 ou 25 ans. C’est pourquoi je crois que la deuxième partie de la vie d’une femme, à partir de 40 ans, est celle qui devient la plus intéressante.
S.M. : Quels conseils donneriez-vous aux gens au bord du gouffre ?
F.G. : C’est tellement difficile... Quand quelqu’un est au bord du gouffre, et ce pour n’importe quelle raison, il faut qu’il continue de communiquer. Marquer ses maux même sur un bout de papier, en parler, et surtout se raccrocher à la moindre chose. C’est facile à dire, mais c’est un travail de tous les jours. De toutes façons, il faut être aidé. J’avais l’amour de mon fils, mais il y a eu aussi la mort de mon frère qui m’a fait plonger... j’ai dû attendre de rencontrer Ubaldo pour que ça commence à aller mieux, et entamer une psychothérapie pour pouvoir, avec des mots, analyser mes douleurs et mes souffrances. Personnellement, mon problème c’était le mal de vivre, et ça peut arriver à beaucoup de monde. Je pense qu’il faudrait surtout faire une véritable information : expliquer comment fonctionne chaque drogue, de quelles façons elles sont dangereuses, les conséquences des prises... on ne connaît pas assez tout ça, les gens ont besoin de vraies informations, qui commenceraient dès l’école car on en propose à nos enfants de plus en plus jeunes. Il faut faire très attention à l’influence de leur entourage.
S.M. : A 40 ans, vous en paraissez dix de moins. On veut la marque de votre crème anti-rides !
F.G. : Je crois que le fait d’être heureuse avec un homme et surtout amoureuse donne un éclat particulier, à la peau comme au regard. Le fait de m’en être complètement sortie fait que je récupère certains des atouts que j’avais avant. Par contre, dès que je m’angoisse un peu, ça se voit tout de suite : je peux paraître 40 ans, comme 35, selon mes états d’âme.
S.M. : Vous venez juste de vous marier, pour la première fois, il y a quelques mois. Alors, enfin heureuse ?
F.G. : Ah oui, très. Ce qui est drôle c’est qu’avec Ubaldo on a la quarantaine, et pourtant on vit comme si on en avait vingt. Lui comme moi redémarrons nos vies avec une nouvelle personne, dans notre petit appartement, avec notre petite voiture, nous remontons doucement la pente ensemble... mais surtout, il est là. C’est ça qui est formidable.« Fiona Gélin a publié
“ Retour d’errance ”, 242 pages,
18 _, aux éditions Michel Lafon. » Quand je lui parle de mes projets, il me soutient, il croit en moi. Je ne voulais pas vivre avec quelqu’un du métier. J’ai la chance, en tant qu’actrice, de ne pas être narcissique et d’être plus à l’aise avec des gens simples, qui ne sont pas justement sous les feux des projecteurs. Ubaldo et moi ne sommes pas trop pressés, mais on envisage peut-être, d’ici deux ans, de mettre en route un bébé.
S.M. : Et votre fils Milàn, ça lui plairait de devenir grand frère ?
F.G. : Lui, ça fait longtemps qu’il aimerait avoir un petit frère ou une petite soeur. Il est hystérique des bébés ! C’est génial, parce que mon fils a des traits de caractère typiquement féminins, qui sont supers quand on les découvre chez un homme. Il est en train de devenir l’homme que j’aurais aimé rencontrer il y a 20 ans !
S.M. : Quel genre de maman êtes-vous pour votre fils ? Angoissée ? Complice ? Sévère ? Laxiste ?
F.G. : J’ai été laxiste, évidemment. Mais on a toujours énormément dialogué lui et moi, j’ai été présente jusqu’à ses 6 ans, il n’a eu ni nounou ni baby-sitter et aujourd’hui il m’adore. Milàn a, avec moi, les rapports que j’avais avec papa. Il est très fier de moi. Maintenant qu’il arrive à l’adolescence (il a 14 ans) je suis devenue hyper protectrice. Avec ce que j’ai vécu, je suis au courant de tous les dangers, je vois tout, je sens tout, je connais tout et je le mets énormément en garde. Il me suit souvent sur les tournages, les pièces que je joue, il a aujourd’hui acquis une maturité incroyable.
S.M. : Est-ce qu’il a lu votre livre ?
F.G. : Il l’a feuilleté... il parcours quelques pages de temps en temps. Je le laisse faire ce qu’il veut. C’est comme moi, quand j’étais toute petite, avec les livres de papa. Je les ai lus très tard. Je connaissais déjà sa vie par coeur car souvent il la racontait à table. Là, Milàn connait déjà tout de mon parcours. Quand j’ai été placée à l’hôpital pendant trois mois et séparée de lui, nous avons eu une superbe correspondance. Il ne découvrira donc pas grand chose de nouveau dans ce livre.
S.M.: Quels sont vos projets pour l’avenir ?
F.G. : Je prépare aujourd’hui une pièce qui s’appelle “ Road to Nirvana ”. C’est une reprise de la pièce qu’a joué Madonna à Broadway il y a quelques années. On va d’abord la jouer à Genève pendant un mois, et si elle marche on la reprendra à Paris ensuite. Sinon j’ai une autre pièce de prévue pour janvier 2004, d’un jeune auteur, un projet qui me tient énormément à coeur. A part ça, j’adorerais avoir ma chronique sur les ondes, parce que je rêve de travailler à la radio.