Elle est belle et une star internationale de cinéma depuis 45 ans. Claudia Cardinale est bel et bien un mythe. Passionnée et passionnante, elle revient sur son immense carrière, ses souvenirs, ses rencontres. Généreuse et chaleureuse, elle aime la vie, partager, rire. Dans toute sa splendeur, elle demeure une grande dame de ce siècle.
Savoir Maigrir : Vous intitulez votre livre " Mes étoiles ". Vous en êtes déjà une à part entière. Quel regard portez-vous sur votre carrière au cinéma ?
Claudia Cardinale : Ma maman m’a toujours dit que j’avais une étoile pour me protéger. Et c’est vrai. Parce que j’ai été une actrice très privilégiée dans le sens où j’ai eu la chance de tourner avec les plus grands metteurs en scène. Et ce, dans le monde entier. J’ai donc eu l’honneur de rencontrer un tas d’étoiles. Et c’est pour cette raison que j’ai voulu rendre hommage à toutes ces personnes à travers mon livre.
S.M. : Vous vouliez être institutrice. Avez-vous des regrets ?
C.C. : J’avais la passion du désert. Et mon rêve était d’y enseigner. Ce qui est un peu comique et absurde. Mais non, je n’ai absolument jamais eu de regrets. Lorsque j’étais jeune, je voulais aussi être exploratrice. Avec le cinéma, j’ai pratiquement voyagé dans le monde entier. J’ai donc un peu réalisé mon rêve.
S.M. : Que retenez-vous de votre présence à l’élection de la plus belle Italienne de Tunis qui vous a ouvert d’autres horizons ?
C.C. : Cela a été un " accident ", bien sûr. Parce qu’à l’époque, j’aidais ma maman qui s’occupait d’une œuvre de bienfaisance avec le consulat italien. En sa compagnie et celle de ma soeur, nous nous occupions de vendre des enveloppes surprises… Et puis je regardais toutes ces filles sur scène, venues participer à l’élection de la plus belle Italienne de Tunisie. Et tout à coup, on s’est retrouvé, avec ma sœur, sur scène. Et j’ai été élue. A la suite de cette élection, la délégation de l’Unita Allia Film, correspondant d’Unifrance, m’a offert un voyage pendant le festival de Venise. Et, bien sûr, le premier film que j’ai vu était Les nuits blanches de Luchino Visconti.« Je n’ai jamais fait de lifting. Je n’aime pas arrêter le temps, porter un masque et ne pas me reconnaître dans le miroir » Ce ne furent qu’une série de signes prémonitoires. D’autres étoiles, encore une fois.
S.M. : Dans la première partie de votre livre intitulée " Mektoub ", vous écrivez justement : " On n’échappe pas à son destin ". Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du cinéma ? Que représente ce métier à vos yeux ?
C.C. : J’avais envie de faire du cinéma. Mais j’ai continué à répondre négativement pendant très longtemps aux propositions. Et plus je disais " non ", plus on insistait. Finalement, comme je voulais être indépendante, j’ai fait du cinéma pour le devenir vraiment et décider de ma vie. Le cinéma est resté un symbole d’indépendance. Il m’a permis de faire des rencontres magiques. Normalement, on n’a qu’une vie. Pour ma part, j’en ai vécu plusieurs, presque 150, pendant lesquelles j’ai tenu tous les rôles de la littérature. Cela m’a beaucoup aidée et enrichie.
S.M. : Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts, notamment de votre vie de princesse une fois engagée par Franco Cristaldi, Directeur de la maison de production Vides, puis des différents films depuis votre révélation dans Meurtre à l’italienne (1959) de Pietro Germi en passant par Les lions sont lâchés d’Henri Verneuil (1961), premier film en France avec Michèle Morgan ?
C.C. : Le premier film que j’ai fait est Le pigeon avec Marcello Mastroianni. A l’époque, je ne parlais pas un mot d’italien. Je ne comprenais rien du tout. J’avais l’impression d’être sur la planète Mars. (Rires). Parce que je suis bien sûr de culture française, italienne et sicilienne d’origine, mais ma famille était établie en Tunisie depuis plusieurs générations. Mon évolution au fil des différents films a été extraordinaire. J’ai eu le privilège d’être invitée chez Michelle Morgan. J’ai connu Jean-Claude Brialy qui est resté un très cher ami. J’ai fait un film avec Lino Ventura. Et puis, il y a eu ma rencontre avec Henri Verneuil.