Caroline (47 ans), célibataire depuis peu vient de s’inscrire sur un site de ce type : « J’ai attendu que mon fils ait quitté la maison pour sauter le pas. Je constate en lisant la presse people que la différence d’âge ne joue plus systématiquement en la défaveur de la femme. Ayant été mariée jeune avec un homme plus âgé que moi, j’ai eu envie de vérifier ce constat et d’expérimenter de nouveaux modes de sexualité. Trois jours après mon inscription, j’ai connu ma première aventure avec un jeune homme de 34 ans divorcé et qui m’a confié avoir toujours été attiré par les femmes matures. Cela a été fantastique, fabuleux, je me suis sentie rajeunir. Je n’ai qu’une envie, c’est de recommencer. »
Quels sont les dangers ?
L’expérience n’est toutefois pas positive pour tout le monde. Jennifer complexée par son poids, s’est inscrite sur un site affinitaire comme il en fleurit beaucoup (rencontremonchien.com, ecrislemoi.fr, marmiteLove, etc.) destiné aux femmes grosses. Elle pensait ainsi pouvoir rencontrer des hommes qui l’aideraient à mieux assumer son corps.
« J’ai commencé à discuter sur un forum et, rapidement, des hommes m’ont complimentée sur mon physique. Pour la première fois, j’ai eu le sentiment que je pouvais être séduisante. Tout s’est alors enchaîné. Je dialoguais avec des inconnus ; s’ils me plaisaient, je les rencontrais l’après-midi même. J’étais connectée en permanence, incapable de communiquer avec ma fille qui en a beaucoup souffert. J’étais devenue « addicte » même aux situations les plus extrêmes. J’ai eu le sursaut d’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Aujourd’hui, je suis une thérapie, je suis toujours aussi grosse mais je me sens mieux dans ma peau. »Jennifer a pu vérifier à quel point, comme l’affirment toutes les enquêtes, l’âge et le physique sont déterminants dans le choix d’un profil sur un site. La banalisation de l’usage de ces sites, s’accompagne d’exigences de plus en plus affirmées.
Le Chat ou la WebCam ont le vent en poupe. Mais bon nombre des internautes pratiquant ces formes de cybersexe ne passent jamais à l’acte, ne franchissent pas la barrière du virtuel. « Le virtuel offre une très grande protection et procure un indéniable sentiment de déculpabilisation puisqu’il n’y a pas toujours de rencontre charnelle » analyse le sexologue Alain Héril. « Protégées derrière l’anonymat de leur écran, les femmes comme les hommes se lâchent. »Selon lui, le cybersexe induit une sexualité très narcissique, liée aux pratiques masturbatoires. Peut-être est-ce pour cette raison qu’il reste moins pratiqué par les femmes ?
La toile est le reflet de nos zones d'ombre et nos fantasmes, notre façon de vivre et d'assumer notre sexualité. Protégées derrière l’anonymat de leur écran, les femmes comme les hommes se lâchent. Internet leur permet d’exprimer des pulsions qui seraient restées cachées chez la plupart d’entre elles. Certains sites poussent le consumérisme à l’excès. Pour beaucoup d’hommes, « cela signifie open bar » constate Jérémie. Mais à l’inverse, il n’est pas toujours évident d’être un homme sur ces sites car « nous sommes soumis en permanence au jugement des femmes (surtout que le premier contact passe par l'image), à leur mépris ou à leur rejet. Du coup, les hommes répondent comme ils peuvent, parfois par l'agressivité. »
Par ailleurs, de mauvaises surprises arrivent vite sur la toile. Il faut donc être vigilant, ne pas être trop rapide et ne pas divulguer trop d’informations personnelles. En effet, de nombreux cas d’escroqueries, de demandes de papiers, de prostitutions ou de mensonges sont présents sur les sites de rencontres en ligne. Pour y remédier ces derniers ont considérablement augmenté leur sécurité de sorte à protéger les internautes. Ainsi, si vous avez un doute sur un utilisateur il est possible de vérifier ses relations antérieures à l’aide de bases de données regroupant tous les sites de rencontres. Certains sites ont adhéré à une charte de confiance et de bonne conduite destinée à mieux protéger les femmes des abus de tous genres.
Quoiqu’il en soit les sites de rencontre ne font que calquer les évolutions des rapports hommes/femmes de la société actuelle. Ils reflètent une vision mercantile de ces rapports humains où la sexualité est un produit de consommation comme les autres. Cette vision de la consommation est celle de notre société, elle n’est ni féminine ni masculine. À ce jeu, il n’y a ni gagnant ni perdant…