S.M. : Pensez-vous que votre notoriété puisse aider et encourager l’appel aux dons voire la solidarité ?
N.A. : Je ne sais pas. Je pense que les gens qui ont acheté ce livre ont été d’une exceptionnelle générosité. Cet ouvrage est un prêté pour un rendu. Les gens dépensent 14 euros pour ce livre, au travers duquel ils auront peut-être des émotions, du plaisir, voire des questionnements. Cela nous a semblé être un juste échange. Les Français ont déjà été tellement généreux. Mais on ne peut pas non plus traiter les gens comme des vaches à lait. Il ne faut pas les prendre pour des imbéciles. Tout le monde a ses factures à payer à la fin du mois. La seule chose que je peux espérer encore c’est que les gens aient envie d’acheter ce livre pour ce qu’il y a à l’intérieur, le moment de partage et d’émotion qu’ils vont avoir en le découvrant, tout en se disant que, dans le fond, cela servira en plus. En tout cas, c’est pour cette raison que nous l’avons fait. Je trouve vraiment que l’on vit dans un pays, où, malgré la crise économique, les gens sont quand même très concernés et généreux. On ne se rend pas compte de la chance que nous avons.
S.M. : Que vous inspirait cette partie du monde (l’Asie du Sud-Est) tout au long de vos voyages au départ ?
N.A. : C’était l’un des derniers grands pays bouddhistes avec une culture qui me fascinait. Je suis d’ailleurs bouddhiste. C’est la philosophie qui me correspond le mieux. Ces gens ont beaucoup à nous apprendre. Beaucoup. J’ai quelques visages et images représentatives qui émanent de mes rencontres faites au cours de mes voyages dans cette partie du monde. Je vais parler de la Thaïlande. Je dirais que ce qui nous reste après la catastrophe, c’est une pudeur totale, le silence et le sourire. Et derrière celui-ci, il y a les larmes. Mais ces gens-là ne les montrent pas. Parce qu’il faut aller de l’avant. Ils nous ont vraiment donné une belle leçon de courage et d’humilité. Car ils ont travaillé corps et âme dès le premier jour à redonner un visage accueillant à leur pays, au détriment de leurs soucis personnels à tous, mais aussi pour leur sauvegarde. Sans le tourisme, le pays va forcément mal maintenant.
S.M. : Le choc des images dans votre pensée est encore bien sûr présent. Comment affronter et se remettre d’un tel traumatisme ? Est-ce que vous en parlez avec votre entourage ?
N.A. : Non, cela ne sert plus à rien. Nous nous rendons compte qu’à chaque fois que nous en parlons, cela nous pèse et nous rend physiquement malades. Nous nous sentons mal. Nous avons des nausées. Il faut que le temps passe, que tout ça se tasse. Mais en même temps, ce qui nous réjouit, c’est que nous avons encore plein de choses à faire. Nous allons retourner là-bas avec des solutions. C’est tout ce qui peut nous consoler dans un premier temps.
S.M. : Votre regard sur la vie et votre façon de vivre et d'appréhender les choses se sont-ils modifiés ?
N.A. : Oui. Nous sommes conscients de la valeur de chaque minute de la vie et surtout que cette dernière peut s’arrêter d’une seconde à l’autre. Cela ne provoque pas de peur en moi. Je suis très confiante. Un peu trop pour le moment. Mais cela va s’équilibrer, je pense. Par contre, même s’il y a certainement le réveil de certaines peurs et craintes en moi, il y a une envie et un courage que je n’avais pas auparavant. Pas à ce point là, en tout cas. J’ai assez de force pour faire les choses et avancer.
S.M. : Revenons à une autre actualité. Vous êtes une comédienne très connue à la télé puisque vous jouez dans Femmes de loi sur TF1 depuis l’an 2000. Que représente ce rôle pour vous ? Et peut-être encore plus aujourd’hui, comment voyez-vous évoluer votre personnage ?
N.A. : C’est une série que j’aime beaucoup et ce rôle est un cadeau énorme. Car je suis très bien entourée, notamment par ma partenaire Ingrid Chauvin. Et je m’amuse vraiment. Je fais aussi autre chose à côté, notamment du théâtre. Mais il est vrai que cette série est quand même un peu le pilier de ma carrière actuellement.
S.M. : Avez-vous signé pour une nouvelle saison ?
N.A. : On a signé jusqu’en 2006. Je ne me fais aucun souci sur le fait de reconduire la série. On ne sait jamais de quoi demain est fait. La preuve. Après ce que l’on vient de dire, je pense qu’il y en a beaucoup qui ne pensent plus à leur petit train-train quotidien ou que tout est immuable.
S.M. : Dans ce téléfilm, vous jouez une femme active et déterminée dans tout ce qu’elle entreprend. Est-ce une image qui vous ressemble ?
N.A. : Oui, j’ai des côtés comme cela. Mais je suis beaucoup moins sûre de moi qu’Elisabeth Brochet qui est également très humaine. Elle a des certitudes que je n’ai pas du tout. J’aimerais bien en avoir autant qu’elle.