Douleurs ou gênes abdominales, ballonnements et troubles du transit… le syndrome de l’intestin irritable est une maladie chronique qui touche plus souvent les femmes que les hommes. Le point sur cette pathologie avec la collaboration du Professeur Michel Dapoigny, gastro-entérologue au Centre hospitalier universitaire Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand.
Le syndrome de l’intestin irritable désigne un inconfort ou des douleurs abdominales. " C’est vraiment le signe le plus important, déclare le Professeur Michel Dapoigny. Sans inconfort ou douleurs, on ne peut pas parler de syndrome de l’intestin irritable ". Ces symptômes sont au moins présents l’équivalent de douze semaines qui ne sont pas obligatoirement consécutives. " Cela correspond à trois mois, ajoute notre spécialiste. Mais cela peut se manifester une semaine par mois, par exemple ". Cet inconfort ou cette douleur doit être obligatoirement associé à deux des symptômes suivants. Premier signe : la douleur est soulagée par la défécation. Cet épisode douloureux évolue d’ailleurs par crise. Second signe : le début de cette dernière doit être associé soit à une modification de la fréquence des selles, soit à une modification de leur consistance. " Voilà pour les signes essentiels, précise notre intervenant. Et tout cela, bien sûr, en l’absence de pathologies organiques susceptibles d’expliquer les symptômes ». Car il arrive parfois que l’on confonde effectivement le syndrome de l’intestin irritable avec d’autres maladies (dysfonctionnement thyroïdien, malabsorption, intolérance alimentaire, infection, affection intestinale inflammatoire, cancer du côlon, troubles psychologiques…).
4,7 % de la population française concernés
D’après une récente étude épidémiologique menée en 2002-2003, près de 4,7 % de la population française présente les signes du syndrome de l’intestin irritable. Sachant que ces données ont été recueillies au sein d’un échantillon représentatif de la population française. " Ces chiffres sont donc clairs et fiables dans la mesure où ils correspondent à une population référente ", commente notre gastro-entérologue.« Mauvaise alimentation et régimes à répétitions sont-ils les causes de ce syndrome ? Aucune certitude définitive ne permet de l’affirmer » Ce syndrome atteint un peu tous les âges. Et les tranches d’âge les plus touchées sont les personnes de 30 à 50 ans. " C’est en effet la population majoritairement la plus concernée mais ce n’est pas exclusif ", reprend le Professeur Michel Dapoigny. Seule connaissance supplémentaire : le syndrome de l’intestin irritable affecte en gros deux femmes pour un homme. " Ces dernières semblent en effet plus sensibles à cette pathologie. Mais on ne connaît pas les raisons de ce phénomène car il n’y a pas de données précises à ce sujet ", affirme notre spécialiste.
Les différentes manifestations du syndrome
Le syndrome de l’intestin irritable se découpe en sous-groupes en fonction du trouble qu’il occasionne. Certains patients vont ressentir un inconfort ou des douleurs abdominales mais plutôt associés à de la constipation. D’autres éprouvent ces mêmes symptômes mais accompagnés, cette fois-ci, de diarrhées. D’autres enfin souffrent d’inconfort ou de douleurs abdominales, le tout combiné à une alternance de constipation et de diarrhées. Difficile de dire quelles sont les causes du syndrome de l’intestin irritable. " On ne les connaît malheureusement pas, indique notre intervenant. On pense que cette pathologie pourrait être liée à un problème de sensibilité viscérale. L’une des hypothèses les plus modernes avance ainsi que le côlon des patients atteints par ce syndrome serait beaucoup plus sensible à des stimuli normaux : par exemple, à un gaz qui arrive au niveau d’un segment colique qui va distendre la paroi. Résultat ? Une telle distention va être perçue de façon douloureuse par les colopathes. Tandis que les autres ne ressentiront aucune douleur et n’y seront donc en tout cas point sensibles ".