S.M. : Vous nous parlez de vous. Les thèmes vont de la rupture à l’amour manqué (" On efface "). Pourquoi chanter des histoires tristes et mélancoliques faites de blessures et chagrins ?
J.Z. : Parce que je pense qu’on est toujours plus égoïste avec son bonheur. Lorsqu’on est heureux, on a toujours plus de mal à l’écrire. Et il est vrai que le fait de mettre ses petites blessures sur feuille semble toujours plus facile et sincère. Allez savoir pourquoi… Mais je pense que tous les auteurs et interprètes diront que c’est toujours plus facile de chanter les amours manqués que les amours heureux. Parce que le bonheur, on se le garde pour soi et on le protège. Par contre, quand on est malheureux, on en déverse des tonnes et on donne à tout le monde. C’est aussi une manière de se libérer.
S.M. : Ces histoires sont-elles liées à votre vie personnelle ?
J.Z. : Disons que chaque fond d’histoire m’appartient réellement. Après, on peut broder autour pour que tout le monde puisse se reconnaître.
S.M. : Vous parlez aussi du public (" Comme vous ", "A quoi ça sert "). Pourquoi cette référence ?
J.Z. : C’est grâce à ce que je vois, ce que j’apprends des autres et ce que partage avec eux que j’écris. Regarder vivre les gens qui m’entourent, qui passent, que je croise, comme mes fans, m’inspire et me donne envie d’écrire. Comme vous, je me lève tous les matins. Je peux être de mauvaise humeur, ne pas être contente de ce que je fais et avoir plein de doutes… Ce n’est pas parce que l’on passe à la télé et que l’on a la chance de faire ce que l’on aime, que l’on ne se remet pas en question. Cet album était juste une manière de le rappeler.
S.M. : Vos textes témoignent d’une grande maturité sur la vie. Que vous a révélé votre expérience pour en arriver à ce troisième album avec une telle personnalité ?
J.Z. : Ce n’est pas parce que mon chemin est fait de lumière et de strass que je n’observe pas autour de moi. Et puis, c’est aussi une question d’éducation. Chez moi, nous avons toujours porté attention à ce qui se passait en dehors de notre appartement, de notre quartier ou de notre ville. Et il est vrai que j’ai cette chance d’avoir des parents avec lesquels je parle de tout et qui ont toujours été eux-mêmes très ouverts sur le monde.
S.M. : En quoi votre style a-t-il évolué au fur et à mesure de ces rencontres ?
J.Z. : Je suis passée du piano à la guitare. Au début, j’avais l’impression que je ne savais chanter qu’avec un piano. Je pensais ne pas réussir à faire corps et à donner de l’émotion avec la guitare en montant sur scène. Et puis une vraie relation est née avec cet instrument. C’est aussi grâce à Emmanuel Rodier, le guitariste avec lequel j’écris et je compose, que j’ai appris à aimer cet instrument et à exprimer des sentiments. Mon style a tout simplement évolué grâce aux rencontres, parfois atypiques. Axel Bauer m’a apporté sa touche à lui. La rencontre de deux générations musicales différentes, lui axé rock et moi plutôt variété, a donné un joli mélange. La preuve ! Pour moi, la musique est vraiment l’un des seuls arts où l’on peut se permettre toutes les rencontres possibles et inimaginables, où il n’y a ni frontière ni limite.
S.M. : Quelles sont vos forces et faiblesses du moment ?
J.Z. : Je suis plutôt quelqu’un de sensible, ce qui est à la fois une force et une faiblesse dans le sens où je suis très vite touchée, émue. Cette sensibilité peut me bloquer dans certaines situations. Mais d’un autre côté, elle me permet de chanter très sincèrement. Quant à mes défauts, j’ai celui d’être quelqu’un de très spontané. J’ai un peu tendance à oublier de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler ! Parfois, je peux me mettre dans des situations un peu rocambolesques. Une autre de mes forces est de prendre tout au second degré et de rigoler tout le temps.