Le bio a le vent en poupe. De nombreux points de vente, y compris les grandes surfaces proposent des aliments bio sous toutes leurs formes. Décryptage de cet attrait pour des produits proches de la nature et de ses bienfaits, symboles de confiance retrouvée, de fraîcheur et de qualité, avec la collaboration de Jacques-Pascal Cusin, spécialiste de la question.
Le terme bio caractérise tous les aliments provenant d’un mode de production naturel (biologique), respectueux de l’environnement et des animaux. Leur culture, leur élevage, leur transformation et leur transport sont très réglementés : le recours à des produits de traitement chimiques est par exemple interdit. En France, le logo AB (Agriculture Biologique) permet d’identifier les produits bio. Validé par le ministère de l’agriculture et de la pêche, ce label est un garant officiel de leur qualité.
• Au plus près de la nature
Pour Jacques-Pascal Cusin, ce qui caractérise la « bio-attitude » (l’esprit de la bio), c’est la cohérence qu’elle implique. Elle doit concilier des préoccupations environnementales (pérennité), éthiques (équité) et nutritionnelles (santé). « Lorsque l’on parle d’environnement et de pérennité, on doit inclure plusieurs aspects. Il y a bien sûr la lettre de la bio telle que définie dans un cahier des charges précis et qui répond à des exigences de protection de l’environnement. Mais il y a par exemple aussi la question du choix du moyen de transport des produits ainsi que de celui de leur emballage. Transport et emballage doivent être peu polluants si l’on veut être cohérent avec cette notion de respect de la nature. Il serait en effet dommage que les atouts environnementaux de base des produits bio soient galvaudés ultérieurement par des pratiques préjudiciables à l’environnement. Quant à la notion d’équité, elle consiste à faire en sorte que l’ensemble des acteurs impliqués dans la filière soient correctement rémunérés et que leur travail soit reconnu à sa juste valeur. Cela va du producteur jusqu’au consommateur qui doit être satisfait de son choix et d’un rapport « qualité/juste prix » optimal ».« Sur le plan nutritionnel, les produits bio ont en général une teneur en nutriments plus conséquente que les produits non-bio »
• Des atouts santé
Les produits biologiques ont démontré leurs nombreux atouts sur le plan de la santé. D’une part, qu’ils soient végétaux ou animaux, ils sont quasiment exempts de résidus chimiques. On a également constaté une teneur plus élevée en certains nutriments dans les produits bio que dans leurs contreparties non-bio. Enfin, leur teneur en matière sèche étant généralement plus importante, la densité nutritionnelle des aliments bio est plus forte que celle des produits conventionnels. « Globalement, les produits biologiques frais et complets présentent un « plus » indéniable sur le plan nutritionnel ! » s’enthousiasme notre interlocuteur. • Un marché à plusieurs vitesses Actuellement, les produits biologiques sont cultivés dans de nombreux pays. « La « bio-attitude » implique, dans ses composantes environnementale et éthique, une consommation de proximité qui vise à respecter l’environnement et à encourager l’autosuffisance alimentaire des peuples, souligne Jacques-Pascal Cusin. Aujourd’hui, deux types de filières bio se côtoient sans vraiment s’aimer. Il y a d’un côté une bio à tendance industrielle qui s’intéresse surtout aux produits transformés et importés. De l’autre, il y a une bio plus artisanale et de proximité, proche de la « bio attitude » et de ses composantes (la pérennité, l’équité et la santé). On voit donc émerger une bio à deux vitesses, l’une intégrée aux modes de consommation habituels, l’autre reposant sur des principes plus humanistes. »