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À la recherche de l'orgasme perdu

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S.M. : Vous écrivez que c’est l’homme qui a fait de l’orgasme une obligation. N’êtes-vous pas un peu dur à son égard ?
Dr G.L. :
L’homme veut faire jouir la femme. Son intention est généreuse mais ses motivations sont égoïstes, car à travers l’orgasme de la femme, il confirme sa virilité et son talent érotique. A l’inverse, une femme qui n’a pas d’orgasme remet en question ses capacités viriles et son savoir-faire. C’est donc bien l’homme qui a fait de l’orgasme une priorité.
 
S.M. : Un homme se sent souvent blessé quand il ne fait pas jouir une femme. D’où, parfois, la simulation de celle-ci…
Dr G.L. : La femme a aussi sa part de responsabilité dans le sens où elle doit elle-même se préparer et participer à l’orgasme. Il s’agit d’un échange au sein du couple, où chacun va patienter, s’éveiller mutuellement l’un à l’autre. Le résultat du terrorisme de l’orgasme, c’est la simulation. Or, à partir du moment où l’on entre dans la simulation, il ne peut plus y avoir de progrès, d’amélioration de la sexualité du couple puisque celui-ci pense que tout va bien. Au Canada, par exemple, des sexologues et des hommes prétendent que 90 % des femmes simulent et que l’orgasme féminin n’existe pas. C’est terrible et c’est faux !

S.M. : Tous les conseils que vous donnez pour accéder à l’orgasme paraissent parfois très mécaniques et relever d’un cours d’anatomie. Le couple semble encore loin d’avoir ce genre de dialogue « technique » sur la façon de faire l’amour…  
Dr G.L. 
: Oui, nous en sommes loin. Mais ce livre peut faire en sorte que les choses évoluent. L’érotisme reste un art et n’est pas une technique, même s’il existe des points et des itinéraires précis à connaître et à découvrir. Et un couple ne sait pas tout instinctivement et spontanément.
 
S.M. : Voulez-vous dire qu’on apprend à faire l’amour comme on apprend à lire ou à faire la cuisine ?
Dr G.L. :
Oui, tout à fait. L’amour est un art qui s’apprend. En Chine ancienne, les jeunes filles apprenaient l’art érotique en même temps que l’art floral et culinaire.
 
S.M. : Vous dites que l’orgasme n’est pas la seule fin du rapprochement d’un homme et d’une femme. Pouvez-vous développer ?
Dr G.L. :
Avant l’orgasme qui est le point culminant, il ne faut pas oublier l’érotisme des caresses de tout le corps, les baisers, les étreintes, la tendresse, les projets et toutes les autres attaches qui lient un homme et une femme. On ne peut réduire un couple uniquement à l’orgasme.
 
S.M. : Donc, le non orgasme n’aboutit pas forcément à la séparation ?
Dr G.L. :
Pas forcément. D’ailleurs, il n’y a jamais de non orgasme, car il existe au minimum un orgasme clitoridien qui se déclenche en solitaire ou avec le conjoint.
 
S.M. : La sexualité évolue à travers les époques et les comportements. Aujourd’hui, elle est pimentée avec l’utilisation des sex-toys. Que pensez-vous de ces jouets érotiques ?
Dr G.L. :
J’ai cessé de faire l’impasse dessus. Un jour, une amie m’a expliqué qu’ils procuraient dix fois plus de plaisir que les hommes ! Son discours m’a interpellé. Il y a bel et bien une évolution : la vente des jouets érotiques a explosé de 60 % en deux ans. Je crois qu’ils sont une bonne indication dans trois cas. Premier cas : lorsque la femme est frustrée par un homme qui lui fait mal l’amour, elle a légitimement le droit de rattraper son plaisir manqué avec un sex-toys. Deuxième cas : lorsque la femme est célibataire. Enfin, dernier cas, le sex- toys peut être utile pour réveiller la « belle au bois dormant », c’est-à-dire les adolescentes qui doivent prendre conscience de cette cavité vaginale sourde et muette qui n’est jamais visitée - à la différence du clitoris découvert et caressé -, mais qui est extrêmement sensible et doit être éveillée. La maturité sexuelle de la femme se situe souvent autour des 30-35 ans. Mais si elle érotise son vagin pendant l’adolescence, elle peut gagner des années de plaisir…
 
S.M. : Mais le sex-toys peut devenir un danger pour l’homme…
Dr G.L. : Le fait que la femme puisse prendre du plaisir avec un sex-toys n’est pas un réel danger pour l’homme. En revanche, l’objet peut causer un problème à l’homme qui n’est plus le seul à procurer du plaisir à la femme, et le faire paniquer. Pour se démarquer et être « meilleur » que l’objet qui, au passage, n’apporte ni tendresse, ni caresses, il devra faire preuve d’imagination, un effort de subtilité, de sensibilité et également faire en sorte que  l’objet devienne un jeu à deux.