Depuis janvier 2007, le patch Intrinsa est disponible sur ordonnance. Destiné à stimuler la libido des femmes chirurgicalement ménopausées en panne de désir, pourra-t-il s’étendre au reste de la population féminine dont la vie sexuelle ressemble à une traversée du désert ? Le point avec nos spécialistes.
Depuis un moment, on avait l’impression qu’il n’y en avait que pour le désir des hommes, notamment avec l’arrivée tambour battant du Viagra qui a donné un bon coup de fouet aux mâles en mal de désir. La sexualité des femmes, elle, semblait placardisée. Mais voilà que depuis janvier 2007, la sexualité féminine se retrouve au premier plan avec la commercialisation en France du patch Intrinsa destiné à redonner un peu de piment à la sexualité des femmes qui, à la suite d’une ménopause chirurgicale, ont perdu leur libido.
Un patch bien ciblé
Si ce patch permet de booster le désir, ne croyez pas que vous pourrez vous le coller quand bon vous semble à la moindre petite baisse de libido ou dans l’espoir de passer des nuits torrides. En effet, ce nouveau traitement fait l’objet d’une prescription précise et bien ciblée. « Intrinsa s’adresse uniquement aux femmes chirurgicalement ménopausées, c’est-à-dire qui ont subi une ablation des ovaires ou de l’utérus et qui, suite à cette opération, n’ont plus une vie sexuelle épanouie comme avant », explique le Dr Juliane Berdah, gynécologue-endocrinologue. Rappelons que l’hystérectomie – environ 70 000 sont pratiquées chaque année - et l’ovariectomie sont des opérations lourdes qui touchent près d’un million de femmes en France. Elles consistent en l’ablation de l’utérus, des deux ovaires et des deux trompes suite à des problèmes gynécologiques importants tels que le fibrome utérin ou encore des saignements génitaux abondants.« Une amélioration de la vie sexuelle a été constatée au bout d’un mois de traitement » En plus d’une souffrance psychologique non négligeable, cette ménopause chirurgicale entraîne une chute importante du taux de testostérone, l’hormone mâle qui a un impact direct sur le désir. D’où une baisse de la libido ressentie par près de la moitié des femmes opérées.
Le mode d’utilisation du patch est simple : il se colle sur le ventre deux fois par semaine et va diffuser une dose unique de 300 milligrammes de testostérone sur une durée de 24 heures. Résultats ? Selon les études réalisées, une amélioration de la vie sexuelle a été constatée au bout d’un mois de traitement. Si Intrinsa est une note d’espoir pour ces femmes, en revanche, les gynécologues, les sexologues et éventuellement les médecins généralistes, les premiers prescripteurs, devront rester vigilants. Car la testostérone peut entraîner des effets secondaires à prendre en considération : acné, chute de cheveux à long terme, séborrhée, augmentation de la pilosité et risque de cancer du sein. Comme le précise le Dr Berdah, « ce traitement ne peut pas être prescrit aux femmes qui ont des facteurs de risques de cancers hormonaux. De plus, le patch expose aux mêmes risques d’hypertension, de cholestérolémie et cardio-vasculaires qu’un traitement hormonal classique. Voilà pourquoi la surveillance et le suivi sont importants, ce traitement n’étant pas anodin ».