Berceau du libéralisme, Amsterdam protège ses 800 000 habitants à la manière d'un père bienveillant. Avec ses allures de village, la capitale des Pays-Bas est paradoxale. Elle fut tour à tour le centre du calvinisme rigoureux et du mouvement provo, conservatrice mais toujours pionnière… Elle est tout simplement charmante.
Fondé au XIIe siècle à l'emplacement d'un petit village de pêcheurs protégé par une digue (ou dam) des débordements de l'Amstel, Amsterdam (ou Amstel-Dam) ne semblait pas l'endroit idéal pour couler des jours heureux. Et pourtant, après quelques travaux a priori d'importance, comme le Zeedijk (digue contre la mer) ou encore l'édification d'un passage sur l'Amstel, pourvu d'écluses, ce petit port devient vite accueillant et se développe. Décidés à aller chercher les richesses où elles se trouvent, les Hollandais fondent la Compagnie néerlandaise des Indes orientales en 1602, puis la Compagnie des Indes occidentales en 1621. Amsterdam intensifie ses relations commerciales avec le reste du monde et se constitue un véritable empire colonial aux pratiques esclavagistes qui lui assure le monopole sur l'importation des épices d'Indonésie, de la porcelaine orientale et des tissus indiens. L'expansion d'Amsterdam ne connaît plus de limites. C’est le "Siècle d'or" qui ne mériterait pas ce titre si la ville n'était aussi devenue un pôle culturel et artistique de toute première importance. Rembrandt décide d'y élire domicile, entraînant à sa suite de nombreux peintres de grand talent, tandis que l'esprit de tolérance propre à la Réforme fait d'Amsterdam un refuge pour les minorités persécutées. Spinoza et Descartes, de passage à Amsterdam, se chargent, pour leur part, de nous ouvrir de nouveaux horizons philosophiques. Un vent de liberté souffle sur la ville mais perd finalement de sa superbe au sein même de la République, c’est La Haye qui devient capitale des Pays-Bas. A la fin du XIXe siècle, la ville se réveille à nouveau. Elle entreprend donc une série de grands travaux destinés à lui conférer une seconde jeunesse, comme l'ouverture du canal de Hollande-Septentrionale (1825) et du canal du Nord (1876). De nouveaux édifices poussent ici et là, à l'exemple de la gare centrale (bâtie en 1889 d'après les plans de P.-H. Cuypers) ou de la Bourse (édifiée par Berlage en 1903). Ils contribueront à faire d'Amsterdam l'un des plus importants centres architecturaux de l'époque. Amsterdam redevient la capitale des Pays-bas.
Une ville dynamique
Depuis, la ville est restée attachée aux traditions, à ses cafés bruns et à son "Siècle d'Or", au commerce et aux canaux. À la pointe de la politique sociale dès la fin du XIXe siècle, elle a toujours gardé cette avance humaniste. Soucieuse de tolérance et de son environnement, elle fut la première à prendre des mesures pragmatiques et de bon augure contre la marginalisation de couches de la population (légalisation du mariage homosexuel, syndicalisation de la prostitution, dépénalisation des drogues douces…) ou contre la dégradation de l'environnement (mesures drastiques contre la pollution automobile, tri sélectif…). C’est une ville à taille humaine où il fait bon vivre.
Outre la traditionnelle balade en vélo dans toute la ville, il faut à tout prix visiter certains monuments et musées. Le Rijkmuseum d’abord. Parmi les plus célèbres musées au monde, le musée national est logé dans une énorme bâtisse de briques rouges et abrite des chef-d’œuvre du Siècle d’Or parmi lesquels les œuvres les plus illustres de Rembrandt dont la célébrissime Ronde de Nuit.
L’année Rembrandt
À ne pas manquer puisque 2006 est l’année Rembrandt, le 400e anniversaire de sa naissance, et le Rijkmuseum lui rend honneur comme il se doit avec plusieurs expositions : All the Rembrandts (de janvier à décembre 2006), une exposition compilant toutes les plus belles pièces du maître du clair-obscur et The Masterpieces (du 2 janvier au 31 décembre 2006) une exposition installée dans l’aile Philip, tout récemment rénovée, qui donne à voir la fine-fleur de l’Age d’or néerlandais. En tout, 400 pièces notamment de Vermeer, Jan Steen et bien sûr Rembrandt.
Rappelons que c’est toute la ville qui rend hommage au peintre né à Leyde mais parti étudier la peinture à Amsterdam en 1631. Peintre hors pair, Rembrandt était aussi un épicurien, un homme libre et sans tabou, à la vie privée houleuse – il perd femme et enfants, s’amourache de ses servantes, évite la compagnie de bonne société -, ce qui n’a jamais manqué d’alimenter le mythe. Pour en apprendre davantage sur lui, il faut suivre La route Rembrandt (de janvier à décembre 2006 – départ tous les jours du centre-ville, s’adresser à l’office du tourisme (020) 201 88 00). Vous verrez que si Amsterdam s’est affirmée au XVIIe siècle, Rembrandt y est pour beaucoup. En la choisissant comme lieu de résidence, il a attiré beaucoup d’artistes qui ont contribué à son développement culturel. Les grandes étapes de la vie de Rembrandt sont racontées à travers les quartiers du Jordaan et Nieuwmarkt.