Cela fait plus de 40 ans qu’elle a vu le jour et, depuis, la contraception n’en finit pas de faire parler d’elle. Après la pilule, un panel de méthodes contraceptives est apparu, permettant aux femmes de choisir celle qui leur est la plus confortable. Le point sur la diversification de ce symbole de liberté féminine.
La contraception, quelle invention !
Certaines s’en souviennent encore… Le 28 décembre 1967, l’Assemblée nationale adoptait la loi Neuwirth autorisant l’usage de la pilule contraceptive. Alléluia ! Ce cadeau fait aux femmes a révolutionné leur sexualité et leur avenir. Au placard, la pratique du retrait ou de l’abstinence pour ne pas tomber enceinte ! Dès lors, les femmes maîtrisent leur fertilité, sont libres de choisir ou pas la maternité. Depuis, ce symbole de liberté féminine a fait son petit bonhomme de chemin et s’est largement diversifié avec l’apparition du SIU hormonal (système intra-utérin hormonal), des stérilets, de l’implant, du patch et de l’anneau. « Le progrès en matière de contraception a surtout été marqué par l’arrivée du patch et de l’anneau, note le Dr Juliane Berdah, gynécologue et endocrinologue. Ils conviennent parfaitement aux têtes en l’air qui négligent de temps à autre de prendre leur pilule. Quant à l’implant, il est plutôt réservé aux inconscientes, à celles qui oublient vraiment leur pilule. Mais sous son action, les règles peuvent diminuer, disparaître ou se faire plus abondantes, et des saignements imprévisibles sont à prévoir ». Parmi tous ces contraceptifs, y en a-t-il un qui sort du lot et peut être considéré comme une contraception idéale ? Réponse du Dr Martin Winckler, médecin généraliste : « la meilleure contraception est celle qui est la plus confortable pour la femme. Mais à l’heure actuelle, les stérilets, hormonal et au cuivre, cumulent fiabilité et meilleure tolérance. Les taux d’échecs sont faibles, les inconvénients, tels qu’une prise de poids ou l’acné, inexistants. C’est à la femme ensuite de choisir lequel des deux lui convient le mieux ».
Si la panoplie contraceptive ne cesse de se diversifier et de s’aiguiser, il est étonnant de constater que la pilule tient le haut du pavé dans les mœurs des femmes, indétrônable. En effet, selon les chiffres de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé), 60 % des Françaises utilisant une méthode contraceptive ont choisi le petit comprimé. Après plus de 40 ans de bons et loyaux services, la pilule suscite toujours autant d’engouement. « Sûrement parce qu’elle est rentrée dans les mœurs et facile d’emploi », avance le Dr Berdah. Le Dr Martin Winckler, lui, argue une méconnaissance des autres moyens contraceptifs mis à la disposition des femmes, due à manque de communication entre elles et certains professionnels de santé. « Si ce sont aux femmes et à elles seules de choisir leur contraception, elles doivent auparavant être informées par leur médecin de leurs avantages et inconvénients afin de faire le bon choix parmi les contraceptifs existants. Or, certains gynécologues ou médecins généralistes n’abordent pas ce chapitre, par ignorance, crainte ou indifférence. Par exemple, certains ne veulent pas poser de stérilet aux femmes qui n’ont pas eu d’enfants – alors que les recommandations internationales précisent que le stérilet peut être prescrit à toutes les femmes à partir de 16 ans, hors contre-indications –, d’autres refusent de prescrire l’implant parce qu’ils ne savent pas le poser. Ils proposent alors la pilule qui n’est pas forcément la contraception la plus adaptée ». Et de poser le problème du manque de formation de certains médecins. « Le médecin généraliste a un rôle tout aussi important que celui du gynécologue, car il reçoit les femmes plus souvent que le spécialiste, pour un problème autre que la contraception. En France, il existe environ 6000 gynécologues et 80 000 médecins généralistes. Il est donc inadmissible que tous les médecins ne soient pas formés correctement sur la question de la contraception. Ils devraient l’aborder systématiquement. Mais si les professionnels de santé ne transmettent pas l’information, comment les femmes peuvent-elles choisir un autre moyen contraceptif que la pilule ? »
Acquise, assumée, revendiquée, rien ne semble pouvoir se mettre en travers du chemin de la contraception. Pourtant, si elle a largement participé à l’émancipation des femmes et fait partie intégrante de leur vie, le Dr Juliane Berdah pose le problème de la procréation tardive.
« Certes, la contraception a changé les comportements, mais pas toujours dans le bon sens. Il y a une trentaine d’années, les femmes vivaient leur première grossesse vers 20 ans. Aujourd’hui, elles sont enceintes sur le tard, vers 30-35 ans. Parce qu’en ne voulant pas arrêter leur contraception plus tôt, elles croient être dans la toute-puissance et toujours fécondes, à n’importe quel moment. C’est faux. Même si l’on désire un enfant, la fécondité diminue avec l’âge et devient donc plus difficile. Les femmes n’en n’ont pas vraiment conscience ». Pour le Dr Berdah, le message à faire passer est simple : « la pilule, c’est fantastique, mais la prendre pendant très longtemps peut confronter à des problèmes de stérilité. On voit d’ailleurs de plus en plus souvent de femmes ayant recours à des fécondations in vitro ».