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La contraception : quelle histoire !

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Alors, y a t-il un bon moment pour arrêter sa contraception et avoir toute les chances de vivre une grossesse naturelle ?

« Il est judicieux d’arrêter la pilule avant 30 ans ou lorsqu’on n’a pas de petit ami. Là encore, le message auprès des femmes ne semble pas clair, répond le Dr Berdah. Il est également inutile de la prescrire à des jeunes filles de 15-17 ans pour des problèmes d’acné ou de règles douloureuses alors qu’elles n’ont aucune sexualité ». Le Dr Winckler* tient une position différente. Pour lui, la perte de la fécondité n’est pas liée à la prise de la pilule. « Il n’y a pas de raison d’arrêter la pilule avant 30 ans. Certes, nous savons que le pic de fécondité se situe aux alentours de 25 ans et qu’il diminue ensuite progressivement. Mais la fécondité féminine est bien meilleure aujourd’hui qu’il y a cinquante ans car les femmes sont en meilleure santé. C’est parce qu’elles font leurs premiers enfants moins tôt, vers 30-35 ans, que les problèmes de fécondité se remarquent chez un plus grand nombre ».
 

Et nos hommes, dans tout ça ?

À quand cette contraception masculine dont on entend parler depuis si longtemps ? Info ou intox ?
« Si la contraception masculine est évoquée depuis une trentaine d’années, il n’y a pas encore de véritables avancées. De plus, les hommes n’ont pas la mentalité à prendre un contraceptif. Certains y voient une atteinte à leur virilité et confondent souvent contraception et impuissance », précise le Dr Berdah. « La contraception masculine est compliquée à mettre au point, explique Martin Winckler. Pour être efficace, elle induit un traitement médicamenteux lourd pour l’homme, plus contraignant que la pilule. Si la contraception masculine devait voir le jour, elle ne pourrait être qu’une contraception d’appoint ».
 

En attendant, un paradoxe pointe.

Si le large panel contraceptif permet aux femmes de se protéger d’une grossesse indésirable, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) ne diminue pas. Pour preuve : actuellement, 200 000 IVG sont réalisées chaque année en France et atteignent un pic chez les 20-24 ans. Oubli ou mauvaise utilisation de la pilule, inconscience… les causes sont multiples. « Beaucoup de jeunes filles testent inconsciemment leur fécondité et s’exposent à des grossesses non désirées », justifie le Dr Berdah. Pour le Dr Winckler, il s’agit encore d’un manque de communication entre les professionnels de santé et les patientes. « L’IVG ne diminue pas car l’information du professionnel de santé au grand public n’est pas établie. Oui, les méthodes contraceptives sont accessibles, mais pour qu’elles soient utilisées à bon escient, il faudrait que les médecins les conseillent et leur prescrivent la plus adaptée et confortable. Par exemple, en cas d’oubli de la pilule, on peut prescrire à certaines femmes une pilule en continu, proposer un stérilet ou un implant. Mais si les médecins ne les informent pas sur ces points, les femmes ne peuvent pas le savoir et s’abriter d’une éventuelle grossesse non désirée ».
 
Quoi qu’il en soit, les contraceptifs existants n’ont de cesse de se perfectionner pour offrir un confort maximal. « Un stérilet plus petit est en train d’être mis au point afin d’être posé plus facilement et adapté aux jeunes filles sujettes aux règles douloureuses, précise le Dr Winckler. Un stérilet au cuivre contenant un anti-inflammatoire afin de diminuer le débit des règles est également à l’étude ».
 
Si les modes contraceptifs évitent les grossesses inopinées, ils ne protègent pas des maladies sexuellement transmissibles. Les femmes ne doivent pas oublier d’utiliser un préservatif pour tout rapport avec un nouveau partenaire. Le rappel n’est pas de trop quand on sait que seulement une jeune femme sur trois associe pilule et préservatif.
 
 
 
*Auteur de Contraception, mode d’emploi (Editions J’ai Lu) et Choisir sa contraception (Editions Fleurus).