« Le travail, c’est la santé ». Pas si sûr quand on voit le nombre de salariés absents chaque année de leur entreprise pour maladies professionnelles. Etat des lieux des souffrances de la France au travail.
« En 2003, sur environ 40 000 maladies professionnelles nouvellement reconnues au sein du régime général, 34 642 ont donné lieu à un arrêt de travail, indique l’Assurance maladie. Le nombre de maladies professionnelles reconnues est en croissance très forte depuis 10 ans, du fait notamment de l'élargissement du champ des maladies reconnues, et d'une meilleure information tant des médecins que des salariés ». Selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), le travail était ainsi rendu responsable d’un problème de santé sur cinq en 2004 en France. Résultats ? Les maladies professionnelles ont des effets plus ou moins graves sur le salarié qui en est victime.
Les Troubles musculosquelettiques (TMS) : un problème majeur de santé au travail
« Avec près de 20 000 cas reconnus en 2000, les Troubles musculosquelettiques (TMS) constituent la première cause de maladies professionnelles en France comme dans la plupart des pays européens et progressent dans beaucoup d’entreprises (+ 20 % par an) », constate l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT). Les TMS touchent en particulier les muscles, les tendons, les nerfs des membres supérieurs et inférieurs au niveau du poignet, des épaules, du coude ou des genoux. Douleurs du dos, contraintes cervicales, douleurs musculaires dans les bras ou dans les jambes, tendinites, syndromes du canal carpien au niveau du poignet… ces maladies se caractérisent par des douleurs diffuses et une gêne dans les mouvements, parfois à l’origine d’un vrai handicap dans la vie professionnelle mais aussi dans la vie privée. D’après l’Assurance maladie, les affections périarticulaires représentent un taux moyen de 10 % d’incapacité permanente. C’est dire si l’impact de ces maladies professionnelles est important dans le mode de vie des salariés au quotidien. Rien de plus normal quand on sait que les TMS sont le fruit d’une instabilité entre les capacités fonctionnelles des personnes et les contraintes présentes au sein du travail. Dans ce contexte d’intensification et d’accélération des cadences de travail lié aux 35 heures, on demande aux salariés d’aller toujours plus vite. On exige d’eux des gestes répétés et précis. Mais parallèlement à cela, ils ne sont pas en mesure de récupérer suffisamment. Les causes des TMS sont donc multiples : elles sont la conséquence de l’exercice de travaux répétitifs ou monotones (travail à la chaîne), de positions pénibles au poste de travail (à genoux, les bras en l’air ou dans une position de torsion), de ports de charge, de vibrations d’outils ou d’équipements de travail…
L’organisation du travail en cause
« Si le coût humain est important (souffrance, risques d’inaptitude professionnelle, atteinte à l’image de soi, dégradation de la vie privée), le coût économique est aussi élevé pour l’entreprise », explique l’ANACT. Les TMS représentent ainsi la première cause des maladies professionnelles indemnisées en France. « L’importance des TMS a conduit le Ministère chargé du travail à organiser fin novembre 2001, en partenariat avec l’ANACT, la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), la Mutualité sociale agricole (MSA) et l’Institut nationale de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail (INRS) un forum pour « articuler santé et organisation du travail sur la prévention des TMS », rappelle le Ministère en question. Il est ressorti clairement de ces travaux que si cette maladie est complexe dans ses causes et son développement, elle peut être évitée ou réduite grâce à des améliorations apportées dans l’organisation du travail et dans la conception des équipements utilisés. Une expérience a montré que des entreprises, qui comptaient de nombreux cas de TMS, ont réussi à faire disparaître cette pathologie, après avoir totalement revu leur organisation du travail. Une démarche fructueuse et un dialogue social sont à l’origine de ce succès ». À ce titre, le plan de Santé au Travail 2005-2009 s’engage à améliorer la prévention des risques professionnels.