J’ai trouvé votre article sur la boulimie très intéressant, et je tenais à vous en faire part. Ayant une grande sœur boulimique depuis l’âge de 16 ans, cette situation me touche de près, et c’est à mon sens un sujet qui n’est pas assez traité par les médias. Un jour, j’ai découvert que ma sœur se faisait vomir. Elle ingérait de grandes quantités de nourriture qu’elle achetait en cachette ou bien qu’elle volait. Tout y passait, pain de mie, tablettes de chocolat, paquets de gâteaux, biscuits apéritif, etc… Nos parents ne se sont rendu compte de rien, et j’ai dû malgré moi être sa complice, car elle m’avait fait jurer le secret. Après chacune de ses crises, elle se rendait aux toilettes et se faisait discrètement vomir. Toujours en silence, pour n’alerter personne. Elle était obsédée par son poids. L’idée de prendre un gramme la terrifiait littéralement, tout comme la terrifiaient ces pulsions qu’il lui était impossible de contrôler. Elle se trouvait trop grosse alors qu’elle pesait 53 kg pour 1 mètre 69, et son corps la dégouttait. J’avais 4 ans de moins qu’elle à l’époque, et je n’ai pas compris à quel point ce qu’elle vivait était grave. ça a duré des années, jusqu’à ce qu’elle décide un jour de se faire hospitaliser pour dépression. Elle avait tenté de se suicider. Tout cela, les magazines qui ont dans leurs pages des jeunes filles à la maigreur affolante ne le disent pas. Tous ces créateurs de mode qui ne jurent que par des mannequins osseux, pour qui le comble de l’esthétisme est un corps décharné avec tout juste la peau sur les os. Quel exemple donnons nous à nos adolescentes ! Ma sœur a mis des années à sortir de cette engrenage de boulimie assortie de périodes d’anorexie et de déni de son corps. Elle a suivi une psychothérapie, et a finalement réappris tout doucement à s’alimenter. L’amour et le soutien de son compagnon lui ont aussi été d’un grand secours. Merci à vous, qui parlez de régimes bien-être, de n’avoir pas oublié de consacrer vos pages, aussi, aux troubles de l’alimentation et de la perception de soi.
Géraldine C., Strasbourg.