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Portez un autre regard sur l'obésité

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Prévention et bien-être 

À force d’évoquer l’obésité en des termes négatifs, à trop parler de lutte, de guerre contre l’obésité, de chasse aux kilos, n’en oublie-t-on pas l’essentiel : le bien-être ? Ne risque-t-on pas, à trop vouloir dramatiser la situation et chasser l’obésité, d’aboutir, au contraire, à une chasse à l’obèse ? Et l’obésité ne risque-t-elle pas d’être encore plus montrée du doigt comme une maladie à éviter à tout prix ? « Il faut déjà accepter qu’il existe des gens plus gros que la moyenne. Il faut aussi revoir la classification des facteurs de surpoids et d’obésité, note Sylvie Benkemoun. A la base, l’alimentation a une triple fonction, de plaisir, de nourrissage et symbolique. Si ces trois fonctions ne sont pas respectées, on crée des déséquilibres. A trop vouloir connaître la composition des aliments, leurs bénéfices sur l’organisme, on oublie que la nourriture est un plaisir, une culture, une transmission de partage. La prévention, c’est aussi respecter ces trois fonctions, l’individu, son développement, sa différence ».
Pour Allegro Fortissimo, le PNNS, dans l’environnement actuel dans lequel il se trouve, stigmatise encore plus l’obésité. Il va dans le sens d’un hygiénisme obligatoire lié à un certain civisme qui entraîne la transgression. Il crée un devoir de bonne santé alors que tout le monde ne peut pas l’être. « Effectivement, pratiquer une activité physique pour éviter la sédentarité est bénéfique pour la santé. Mais en parallèle, il faudrait aussi dire que nous ne sommes pas tous bâtis sur le même modèle, faire en sorte que dans les écoles l’activité physique soit adaptée à chacun, en particulier au petit enfant gros qui peine à faire ses trois tours de terrain en courant, qu’elle ne soit pas considérée comme une performance mais qu’elle permette plutôt le développement harmonieux de l’enfant ». Un dernier message que souhaite faire passer Sylvie Benkemoun et qui concerne la prévention : « Ce qui est dommageable, finalement, ce sont toutes ces moyennes que l’on érige en règles strictes, comme l’IMC, ces 30 minutes d’activité physique, la consommation de 5 fruits et légumes par jour… Appliquer ces principes strictement, cela n’a pas de sens. La prévention prend ici la forme de règles strictes à suivre alors qu’elle peut aussi être présentée comme une façon de bien vivre et d’être bien dans sa peau. La santé est avant tout un équilibre physique, psychique et social, un partage, alors qu’on la réduit à une peau de chagrin.
 
L’obésité est un vaste débat, bien plus complexe qu’il n’y paraît, et dont les sources sont plurifactorielles. Elle soulève de nombreux questionnements et une multitude de propositions pour enrayer sa progression. L’obésité est aussi un sujet tabou, au même titre que le cancer il y a quelques années. Lorsque le cancer emportait une personne, on disait que celle-ci était morte des suites d’une longue maladie. Aujourd’hui, il est évoqué librement. L’obésité, elle, est parfois chuchotée, voire ignorée. Et nombreux sont ceux qui ne la prennent pas au sérieux. La mobilisation s’impose pour mettre en lumière l’obésité, appréhender toutes ses facettes, réhabiliter les personnes obèses au sein d’une société qui n’a rien prévu pour leur faciliter la vie et toucher, surtout, la conscience collective.
Quant aux pouvoirs publics et aux autorités médicales, ils devront de leur côté mettre tout en œuvre pour affronter ce problème en proposant des mesures concrètes qui permettront aux personnes obèses de vivre comme tout le monde, sans être montrées du doigt ni traitées différemment et isolées, preuves qu’elles ne sont pas des laissés-pour-compte. Et pour s’épanouir dans une société qui acceptera, enfin, les différences.