728 x 90

Portez un autre regard sur l'obésité

img

Les enfants, de plus en plus touchés par l’obésité

En France, 275 000 enfants et adolescents sont obèses et 1 275 000 en surpoids. En 15 ans, le nombre d’enfants obèses a doublé. Comment les enfants obèses vivent-ils ? Mal, on le suppose. Confrontés aux railleries de leurs petits camarades, ils connaissent très tôt l’exclusion, la solitude et la discrimination. Le regard si dur des autres peut alors influer sur leur vie future, professionnelle et sociale. Le Docteur Dominique-Adèle Cassuto, médecin nutritionniste et pédiatre à l’Hôtel Dieu à Paris a ouvert il y a un an une consultation réservée uniquement aux parents, obèses ou non, afin de les conseiller sur l’alimentation et la psychologie de leurs enfants et de leur donner un rôle éducatif. Elle explique qu’il est très difficile pour un enfant de s’épanouir quand il se fait traiter de « grosse patate ». Et cite une étude américaine menée en avril 2003 auprès d’enfants cancéreux et obèses âgés de 12 ans qui a montré que la qualité de vie en terme d’image d’eux-mêmes, de capacités physiques et d’émotions était moins bonne pour les enfants obèses. Comment appréhender le problème de l’obésité avec un enfant, de quelle façon doivent intervenir les parents ? « Il ne faut pas mettre les parents dans une position de nutritionniste certifié qu’ils n’ont pas à être mais il convient de les placer dans leur rôle de parents », explique la spécialiste. Ainsi, il est préférable d’apprendre à un enfant à modérer sa consommation d’aliments plutôt que de les lui interdire, et à gérer celle de bonbons et de gâteaux. Le Docteur Cassuto met en exergue certains cas qu’elle rencontre lors de ses consultations. Ainsi, des enfants lui expliquent qu’ils font les repas devant la télévision alors que manger devant la télévision accroît la consommation. « Autre exemple : une jeune fille me racontait que chez elle, on ne dînait jamais puisque son père faisait des déjeuners dans le cadre de son travail et qu’il avait imposé la suppression du dîner chez lui. En rétablissant le dîner dans cette famille, j’ai permis à cette jeune fille qui grignotait tout le temps de mincir mais aussi de renouer le dialogue avec ses parents ». Comme quoi, l’obésité et le comportement de la famille sont intimement liés. Ce poids en trop peut être pour un enfant sa façon de s’exprimer sans parler pour dire qu’il souffre. Voilà pourquoi il est important de ne pas sous-estimer ce problème chez un enfant qui l’empêche de s’épanouir et de se construire. L’obésité des enfants, Frédéric Delplanche, fondateur de l’association SOS Obèses fait d’ailleurs tout pour la prévenir. Lui-même obèse – il pesait 250 kilos il y a deux ans -, il a dû affronter le regard des autres qui lui était insupportable. Depuis la création de son association en 2001, il s’est aperçu que les enfants n’étaient pas du tout informés sur cette maladie. Il décide alors de les sensibiliser en organisant des réunions ludiques dans les écoles primaires du Vaucluse. Ce projet pédagogique mis en place cette année est une manière de savoir comment les enfants se représentent l’obésité et la nutrition. Un questionnaire leur est remis 15 jours avant le début de l’action afin de noter comment ils se représentent l’obésité et comment ils s’alimentent. Le programme se décompose ensuite en quatre séances consacrées aux problèmes de l’obésité, à la nutrition, à un goûter pour sensibiliser les parents, avec leurs enfants. La dernière séance a lieu un an plus tard afin de voir comment les bambins ont assimilé les informations traitant de l’obésité et leur façon de s’alimenter. Et à Frédéric Delplanche d’ajouter : « lors de notre passage, les questions des enfants qui reviennent le plus souvent sont pourquoi devient-on gros, quels sont les risques de l’obésité par rapport à la santé, pourquoi se moque-t-on des gros ?... Sur la question de la nutrition, les enfants savent très bien ce qu’il faut manger mais entre ce qu’ils aiment, ce qui est bon au goût et ce qu’il faut manger, ils n’arrivent pas à faire la distinction. Après notre passage dans les écoles, on se rend compte que les petits ont un autre regard sur leurs camarades qui sont obèses ». Après avoir établi le contact avec 130 classes de CM1, Frédéric Delplanche s’attaque dès la rentrée 2005 aux collèges et lycées, l’objectif étant ensuite d’informer les enfants dans toute la France. L’association SOS Obèses continue son chemin, avec le soutien de la Sécurité sociale du Vaucluse, du Conseil Général et du Conseil Régional, de la mairie d’Avignon, entre autres. Elle travaille également en étroite collaboration avec d’autres associations, notamment le CNAO (Collectif national des associations d’obèses). Comme le souligne Frédéric Delplanche, le rôle des associations est de compléter celui des professionnels de la santé. « Les spécialistes diagnostiquent et apportent une solution. Nous, en tant qu’association, nous sommes là pour suivre et aider la personne afin qu’elle ne chute pas ».