Mise en place d’un « programme de survie »
Cette émotion forte débouche ainsi progressivement sur une prise de poids excessive. D’autant que souvent cette émotion est ravivée à un moment donné par un événement-bis ressenti de la même manière que l’événement initial. Reprenons notre exemple de départ. Un tel sentiment fort peut se passer pendant la petite enfance où vous vous êtes sentie souvent abandonnée et délaissée. Peut-être parce qu’un deuxième enfant est né. Cela peut être vécu de cette façon en tout cas. Plus tard, vous êtes adolescente et placée en pension à la campagne et vous vous sentez alors délaissée par vos parents, abandonnée. Votre cerveau a donc bien retenu et enregistré cette émotion du moment. Il élabore alors un « programme de survie » en faisant des provisions. Tout est inscrit quelque part en mémoire comme s’il écrivait un livre. Mais le cerveau ne déclenche pas forcément ce « programme » mais aussi petit à petit au fil des années. Admettons que dix ans après ces épisodes précédemment évoqués, vos parents vous aient remis en colonie de vacances. Le fait d’être encore éloignée d’eux ne va pas vous plaire du tout. Dans l’esprit, vous revivez une émotion teintée de la même couleur. Mais vous le ressentez à nouveau comme un abandon. Si votre émotion est forte, elle doit avoir la même amplitude que l’initiale pour la reconnaître immédiatement. A ce moment là, votre cerveau va déclencher son « programme de survie ». « C’est pour cette raison que je demande toujours à mes patientes l’histoire de leur surpoids, met en évidence notre psychothérapeute. On regarde ensemble quelles sont les dernières fois où elles se sont mises à grossir… Et on remonte dans le temps pour voir de quoi étaient teintées leurs émotions. Ce qui n’est pas forcément facile en quelques minutes. Il peut y avoir une répétition des événements sans que les types d’émotions soient forcément les mêmes ».
Neuf clés psychocorporelles
Au départ, ces émotions font partie des neuf clés psychocorporelles (clés de l’abandon, de l’autorité, de la peur de la pénurie, de la protection, du vide, de la peur – grande frayeur -, de l’exil, du rejet d’une partie de son corps, du stress de la silhouette). Tout dépend de la façon dont on les regroupe. Car, d’après mon expérience d’observation, ce sont des thèmes qui reviennent très souvent en thérapie avec les patients. « Ces clés pychocorporelles peuvent vous aider à ouvrir le « portail minceur » pour provoquer un « déclic » amincissant. Ou du moins commencer à avoir des pistes et des idées à ce sujet pour vous amener vers ce « déclic ». A chaque fois, vous pouvez vous reconnaître dans une, deux, trois ou quatre clés. Car il n’y en n’a pas forcément qu’une mais plusieurs », indique notre spécialiste.
Dans ces conditions, comment se défaire de notre histoire personnelle pour sortir justement du cycle infernal des « kilos-yoyo » qui, malgré vos efforts, revient toujours ? « Il y a plusieurs paramètres au niveau du cerveau. Il y a notamment le « déclic minceur » qui est l’aspect psychologique. Puis, il y a la « motivation minceur ». Et il y a l’aspect nutritionnel qui est la « navigation minceur ». Dans l’ordre, tout commence par une prise de conscience au moment où vous commencez à sentir à quelle(s) clé(s) vous êtes sensible. A vous de retrouver le ou les événements qui ont déclenché cette émotion forte. Du moins le ou les derniers en date. Si vous percevez la clé, vous passez à l’étape de sa reconnaissance. Il s’agit alors de mettre en place des choses au niveau symbolique et concret avec votre thérapeute de façon à travailler sur le contrat de cette clé. Par exemple, si vous avez peur de la pénurie ou du manque (d’argent, de nourriture, d’amour…) parce que vous avez vécu cela quand vous étiez enfant ou pendant la guerre, vous allez travailler sur tout ce qui peut être de l’ordre de l?ampleur et de la générosité mais pas sur la nourriture. Tout doit être mis en place pour annuler l’idée du manque. Le tout grâce à des actes symboliques instaurés concrètement dans la vie de tous les jours. Il vous faut vous sensibiliser aux « déclics » susceptibles de vous faire trouver la clé de vos émotions et voir aussi dans la généalogie s’il y a eu des clés dont vous avez héritées. Vous devez ensuite travailler sur la « motivation » par des exercices pratiques pour voir notamment s’il y a d’autres freins que ces émotions fortes. Cela peut être des petites phrases assassines lancées par vos proches (par exemple : « il faut finir ton assiette », « les ronds sont gais, les minces sont tristes », « il vaut mieux faire envie que pitié », etc.) et qui vous rappellent ou vous remettent face à cette émotion forte. Très souvent, ces dernières sont cachées et ne sont pas forcément très graves. L’objectif étant de mettre en œuvre des leviers pour se sortir de cette émotion. A vous de vous orienter vers un objectif précis et réaliste par rapport à votre poids avant de mettre tout en œuvre pour le concrétiser. C’est ce qu’on appelle la « navigation minceur ».