La phlébectomie[1] ambulatoire
Il s’agit tout simplement du traitement chirurgical des varices sans recours à une hospitalisation. Cette méthode existe depuis les années 1970 mais elle est restée longtemps inconnue en France car elle a été mise au point par un médecin suisse, le Docteur Muller. Elle était également pratiquée depuis longtemps en Italie. En fait, cette intervention existait déjà du temps de l’Antiquité et elle aurait été décrite par Paracelse. Ce sont les Docteurs Trauchessec et Vergereau qui ont eu le mérite de l’introduire en France.
Cette intervention est une alternative esthétique au traitement chirurgical classique des varices mis au point dans les années 1950 par des médecins anglo-saxons et appelé stripping, ce que l’on pourrait traduire par arrachage.
Mais pour comprendre comment traiter les varices, il faut d’abord essayer d’expliquer comment fonctionnent les réseaux veineux des membres inférieurs.
Il y a deux réseaux veineux au niveau du membre inférieur : le réseau superficiel et le réseau profond. Les veines sont des conduits, des vaisseaux, dont le rôle est de ramener le sang vers le cœur. Au contraire des artères, les autres vaisseaux sanguins chargés de distribuer le sang dans les organes, la paroi des veines comprend peu de fibres musculaires et elle est moins épaisse. Une veine du réseau superficiel pourra facilement se distendre car elle est sous la peau et il est possible de la comparer à une gouttière qui court le long de la façade d’un immeuble. Au contraire, bien que les veines du réseau profond aient une paroi identique, elles ne peuvent pas se distendre car elles sont enserrées de toute part à l’intérieur des muscles. Une des autres caractéristiques de la circulation veineuse est que 90 % du retour veineux se fait par le réseau profond et seulement 10 % par le réseau superficiel. Cette propriété est très importante car elle permet (si toutefois le réseau profond est satisfaisant) de retirer, sans aucun problème de retour sanguin, la totalité des veines variqueuses, et ce, d’autant plus qu’il existe également un stock de veines non fonctionnelles qui pourront faire une suppléance, le cas échéant.
Le réseau veineux superficiel se subdivise en réseau de la saphène interne[2] et de la saphène externe qui drainent les veines de surface du membre inférieur. Il existe par ailleurs des veines perforantes et communicantes qui relient le réseau superficiel au réseau profond en traversant les muscles.
Comment se constituent les varices ?
La pression sanguine engendrée par la pompe cardiaque va diminuer continuellement, au fur et mesure que l’on s’éloigne de la crosse de l’aorte. En position verticale, la pression de retour veineux est faible, le sang a donc tendance à ralentir. Afin de favoriser le retour vers le cœur droit en position debout et de fractionner le poids de la colonne sanguine, il y a des valvules anti-retour qui empêchent le sang d’aller à contresens, c'est-à-dire du haut vers le bas de la jambe.
Chez des sujets prédisposés et exerçant des professions exposées à la station debout prolongée et au piétinement, comme par exemple des serveurs de restaurant, les veines vont se distendre sous le poids de la colonne sanguine. Les valvules anti-retour vont alors s’effondrer les unes après les autres, augmentant d’autant plus la distension.
Dans les parties déclives, notamment au niveau du mollet de la cheville et du pied, et parfois même au niveau de la cuisse, les veines vont devenir turgescentes et sinueuses. Le sang ne va plus progresser normalement, il va parfois même circuler à contresens et souvent stagner. C’est ce qu’on appelle la stase. Dans les parties basses, notamment au niveau des malléoles où il n’y a presque pas de muscle entre l’os et la peau, la stase va comprimer et asphyxier les tissus sous-cutanés. Il en résultera des douleurs et des lourdeurs de jambes. La peau et les tissus sous-jacents pourront même se nécroser. C’est l’ulcère variqueux. Par ailleurs, les jambes vont être fragilisées et le moindre traumatisme pourra provoquer une rupture de varice avec un saignement important.