- La phlébectomie ambulatoire
Elle ne nécessite qu’une anesthésie locale et peut donc s’effectuer en une ou plusieurs séances.
Après avoir contrôlé, par un examen Doppler, le bon fonctionnement du réseau veineux profond, le bilan des varices à traiter peut commencer. Le patient est examiné en position debout, mettant ainsi en évidence les veines malades qui vont devenir turgescentes sous l’effet de l’accumulation du sang. L’opérateur va ensuite marquer sur la peau le trajet des varices à l’aide d’un crayon dermatologique, car les veines ne seront plus visibles lors de l’intervention. En effet, comme chacun peut le constater, il suffit de lever une main pour que la coloration bleutée des trajets veineux s’efface car le retour du sang est immédiat, et une veine vide qui est translucide est invisible sous la peau. Le patient va être allongé sur le dos en position déclive, c'est-à-dire les pieds plus hauts que le thorax. L’inconvénient est qu’il faudra se contenter du marquage cutané pour retrouver les veines, mais l’avantage capital est que les vaisseaux vides ne saigneront pratiquement pas lors de leur ablation. Le temps suivant va consister en une anesthésie locale soigneuse de tous les territoires à traiter. Une fois cette insensibilisation locale achevée, l’intervention va être totalement indolore. L’intervention se passera dans une ambiance détendue de musique douce, un peu comme chez le dentiste, mais la douleur en moins…
Le mérite du Docteur Muller est d’avoir mis au point le crochet qui porte son nom et qui va permettre de « harponner » les veines pour les hisser à l’extérieur. A cet effet, l’opérateur, au niveau du marquage du trajet, perce un trou de un à deux millimètres de diamètre, en gros de la taille d’une aiguille pour injection intraveineuse avec un petit bistouri. Puis, il plonge le crochet dans le tissu sous-cutané indolore, accroche la veine et la hisse à l’extérieur de la peau. La veine qui apparaît se présente comme un spaghetti blanc nacré. Elle est ensuite tractée à la pince, ce qui permet le cas échéant de mettre en évidence des veines collatérales ou perforantes qui viennent se jeter dans le trajet principal, et qui apparaissent par tension sous la peau comme les haubans d’une toile de tente. Il suffit alors de piquer dessus pour les crocheter à leur tour. Ainsi, après avoir effectué quelques trous distants de cinq à dix centimètres les uns des autres, on arrive à sortir des segments de veines avec des ramifications pouvant mesurer parfois jusqu’à vingt centimètres. On arrive ainsi à supprimer tout le réseau de surface ce qui n’est pas le cas d’autres méthodes plus sophistiquées, et la petitesse des trous va leur permettre de cicatriser sans laisser aucune trace, procurant ainsi un résultat esthétique parfait. Une fois la séance terminée – elle a duré entre une heure et trois heures, l’hémostase[3] va être obtenue par un pansement compressif. Le patient est mis immédiatement debout et peut marcher. L’étanchéité du pansement est contrôlée : aucune trace de saignement n’apparaît sur le pansement. La marche immédiate après l’intervention (puisque le patient est conscient) va prévenir tout risque de phlébite et d’accident thrombo-embolique. Le pansement compressif est gardé entre trois et cinq jours et remplacé par un pansement plus léger maintenu par un bas de contention. La cicatrisation se fait en trois semaines et le résultat définitif esthétique et fonctionnel est obtenu en trois mois. Dans 90 % des cas, il n’y a pas ou peu de récidive, celle-ci pouvant être aisément reprise.
Même l’ulcère variqueux, qui est une maladie très invalidante pouvant nécessiter des années pour cicatriser, des pansements, une contention très contraignante et parfois un repos alité, guérit d’une manière spectaculaire en quelques semaines avec cette technique.
Dans le cadre de la médecine esthétique, la phlébectomie ambulatoire peut même être appliquée pour supprimer des veines non malades mais disgracieuses comme, par exemple, au niveau du visage ou de la tempe.
En conclusion, un mot sur la varicose.
Parfois, des sujets présentent de petites veines bleutées ou violacées de la taille d’un cheveu en réseau au niveau des membres inférieurs. Dans ce cas-là, les veines ne sont pas distendues et elles fonctionnent tout à fait correctement mais pour une raison mal connue, un pigment colorant du sang, l’hémosidérine, se dépose dans la paroi de la veinule et la « tatoue » d’une manière disgracieuse et indélébile. Dans ce cas, la technique la plus adaptée reste la micro sclérose.