Les différentes supplémentations possibles :
- on supplémente surtout en acide folique (ou vitamine B9). Car il a été démontré qu’une carence de cette vitamine pendant la grossesse avait des conséquences au niveau de la malformation du tube neural chez l’enfant (feuillet qui sert à fabriquer les méninges, le cerveau, les vertèbres et la moelle épinière). En France, à peu près 95 % des femmes ont des apports inférieurs au seuil minimal (400 unités par jour). On a également démontré que la carence en acide folique pouvait favoriser les fausses couches spontanées et les accouchements prématurés. On recommande à presque toutes les femmes avant la conception d’avoir un apport en acide folique. Si la femme n’a pas d’antécédents personnels, si elle n’a pas eu de fausses couches spontanées ou de malformations de tube neural chez d’autres enfants avant, on lui conseille un apport d’un comprimé de 0,4 mg par jour à prendre à partir de la cinquième semaine sans règle, et un autre jusqu’à peu près 12 semaines de grossesse. Ce traitement est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale. En revanche, chez les femmes ayant eu des antécédents de maladies du tube neural chez d’autres enfants avec des malformations ou qui ont un traitement anti-épileptique, il faut augmenter la dose à 5 mg par jour.
- les besoins en iode sont augmentés pendant la grossesse. Ils sont de l’ordre de 150 à 200 microgrammes par jour. Sachant que la thyroïde du fœtus ne fonctionne qu’à partir de la douzième semaine de grossesse. Ce sont donc les hormones thyroïdiennes de la mère qui permettent le développement du cerveau notamment chez le fœtus au cours du premier trimestre. « En France, le problème a bien été étudié. Et on pense qu’il y a une carence en iode surtout dans les régions de haute montagne chez les femmes qui mangent peu de poissons, de produits de la mer ou laitiers. Comme le fœtus pompe chez la mère les hormones thyroïdiennes, cette carence peut entraîner un goitre chez elle et des retards psychomoteurs plus tard chez l’enfant. On recommande d’apporter de 100 à 150 microgrammes d’iode par jour dès le premier trimestre chez la femme à risque. Mais gare au surdosage qui peut dérégler le fonctionnement de la thyroïde », note notre intervenante.
- il faut aussi voir les apports en calcium et vitamine D souvent insuffisants chez 30 % des femmes enceintes en France. Parce qu’elles ne mangent pas assez de produits laitiers. Le manque de calcium peut éventuellement prédisposer à une hypertension pendant la grossesse ou une crise d’épilepsie avec accouchement prématuré. Il s’agit donc de supplémenter au cas par cas les femmes carencées, notamment au dernier trimestre de la grossesse au moment où il y a une croissance notamment des os chez le fœtus. Ensuite, il faut penser à associer des apports en vitamine D pour fixer le calcium chez la femme enceinte et donc, par son intermédiaire, chez le fœtus. Il est conseillé de donner une ampoule buvable de vitamine D au septième mois de grossesse en une fois, surtout si la majorité de la grossesse a lieu en automne et en hiver à cause du manque de soleil, source de vitamine D pour la peau. Une carence de ce type chez la mère et chez le fœtus a pu aussi être démontrée chez les enfants prématurés.
- les besoins en fer (minéral) sont multipliés par 2,5 au début de la grossesse. Sachant qu’il faut en donner davantage à la fin (6,5 mg par jour). Les carences de ce type touchent les femmes ayant eu des règles hémorragiques, des grossesses multiples ou rapprochées ou suivi des régimes alimentaires déséquilibrés (régime végétarien, consommation excessive de thé qui entrave la bonne absorption du fer) auparavant. Le déficit en fer provoque alors une anémie avec un risque de prématurité et d’hypothrophie chez le fœtus pour lequel celui de mortalité périnatale est plus important. Il faut aussi penser que la carence en fer peut entraîner une fatigue plus importante chez la femme enceinte, une diminution de la concentration et de résistance aux infections pendant la grossesse. C’est pourquoi il est nécessaire de faire une prise de sang au troisième mois. En cas de manque de fer ou d’anémie, il faut alors essayer de supplémenter en donnant une dose minimum de 15 mg par jour. Mais gare encore au surdosage car le fer n’est pas bien absorbé. Cela aboutit à des troubles digestifs pas toujours bien tolérés par la femme.
- les oméga 3 (poissons, huiles de poisson) jouent aussi un rôle dans la formation des structures du cerveau. Mais la supplémentation reste discutée.
- on peut aussi donner de la vitamine B6, B12 ou C aux femmes végétariennes et qui ont beaucoup de crampes pendant leur grossesse. Le rôle du magnésium est également important surtout en fin de grossesse car il agit aussi sur les crampes.