Existe-t-il un lien entre le stress et la prise de nourriture ?
En Anglais, le mot « stress » signifie « contrainte » ou « tension ». Le stress désigne la réaction d’un organisme qui subit une contrainte. Cette réaction évolue en trois phases : une alerte, une réaction d’adaptation et soit un retour à la normale soit un épuisement si la contrainte est trop prolongée. La prise de poids, elle, est liée à plusieurs facteurs parmi lesquels on peut distinguer une prédisposition naturelle ou génétique, le développement d’un comportement alimentaire qui est très complexe et peut lui-même être à l’origine de stress. Par exemple, chez les anorexiques boulimiques, le sujet présente un comportement pervers qui lui donne une forme de plaisir à faire des excès de nourriture puis éventuellement à se faire vomir ou entreprendre par la suite des régimes de restriction alimentaire drastique. Or, au niveau du cerveau, tout régime de restriction brutal est enregistré comme un risque de famine (ce qui était vraiment le cas au début de l’humanité et, depuis ce temps-là, la réaction est de constituer des réserves pour lutter contre les périodes de vaches maigres à venir). On aboutit ainsi au classique régime yoyo avec une reprise de poids supérieure à la perte précédente, une frustration grandissante, elle-même génératrice de stress important et d’abandon. D’un comportement normal, le sujet étant désespéré de ne pouvoir maîtriser la situation va baisser les bras et se remettre à manger de plus belle et en quantité les aliments les plus néfastes. C’est devenu un toxicomane à la nourriture et cette toxicomanie est d’autant plus difficile à traiter que toute sa vie le toxicomane sera en contact avec sa drogue…
Il est impossible d’étudier sur l’homme les effets d’un stress important et de longue durée sur le comportement alimentaire car ce type de stress peut conduire à de graves lésions, voire à la mort. Les études se sont donc limitées à l’effet de stress moyens et de courtes durées. On a ainsi pu constater que des éléments de base de l’alimentation comme certains acides aminés indispensables ont un effet anti-stress. Par exemple, la supplémentation en magnésium diminue le stress entraîné par la performance chez le sportif.
Stress et nourriture : un lien complexe
Les mécanismes qui règlent l’alimentation sont séquentiels car l’absorption de nourriture est indispensable au maintien de la vie. Pour les animaux sauvages, les deux principales préoccupations nécessaires à la survie sont la recherche de nourriture, l’aptitude à déjouer le prédateur et à fuir en cas de danger.« L’absorption de nourriture va apaiser la faim , supprimer le stress qui y est lié » Ce n’est pas une vie de tout repos et le stress est presque toujours présent. Notamment, l’animal qui ne trouve pas de quoi assurer sa pitance est donc tenaillé par la faim, ce qui constitue un état de stress important. Il y a longtemps que l’homme des pays développés ne connaît plus cette situation mais l’architecture de son cerveau en a gardé les traces. Le fait d’être à jeun va provoquer au bout d’un certain temps la faim avec son besoin de manger et la manifestation du creux à l’estomac. L’horloge biologique est là pour nous rappeler les heures des repas. L’absorption de nourriture va calmer la faim, supprimer le stress qui y est lié. Enfin, arrive la satiété qui détourne le sujet repu de continuer à s’alimenter. La succession des séquences est régie par des mécanismes complexes et qui peuvent facilement se dérégler. Le cycle normal peut faire place à des comportements alimentaires aberrants. En effet, une partie des habitudes alimentaires vient de l’enfance et de l’attitude qu’a eu la mère en alimentant son enfant. Par exemple, la sensation de plaisir qui est normalement liée à l’apaisement de la faim peut être exacerbée chez un enfant à qui on a donné des sucreries comme récompense ou des bonbons pour calmer le stress de l’endormissement. Plus tard, il aura tendance à diminuer son stress par la prise de nourriture.
Du stress.. du stress… Des addictions
Par ailleurs, la civilisation humaine a développé une cuisine de plus en plus sophistiquée, aiguisant de plus en plus la sensation de plaisir liée aux repas jusqu’à la transformer en addiction. Des chercheurs ont réalisé une expérience appelée « les rats de cafétéria ». Elle consiste à remplacer la nourriture habituelle de rats de laboratoire qui normalement est peu variée par une nourriture très variée. L’appétit des rats est décuplé. A partir du moment où la nourriture agit comme une drogue, elle diminue le stress mais s’accompagne d’une prise de poids, et ce d’autant que d’autres facteurs d’addiction comme l’alcool et le tabac peuvent se surajouter. Dans un premier temps, l’alcool va favoriser le développement de la masse graisseuse, notamment au niveau du foie tandis que l’équilibre psychique du sujet est de plus en plus déséquilibré et dépendant. Le tabac, lui, agit également comme anti-stress mais la dépendance qui s’y associe est très importante. Par contre, son effet sur la masse corporelle est plutôt favorable car il a tendance à diminuer l’appétit, aidant ainsi à limiter la prise de poids. C’est néanmoins la plus mauvaise solution, compte tenu de tous les problèmes de santé qu’il va occasionner. Par contre, lorsque arrive l’arrêt du tabagisme, la prise de poids est quasi inéluctable compte tenu du stress imposé par la désintoxication.