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Sicile impératrice

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« La Sicile est une terre de gloire. La beauté est si grande et si auguste chose, que des siècles de barbarie ne peuvent l'effacer à ce point qu'il n'en reste que des vestiges adorables. » (Anatole France)

Nombreux sont les peuples qui ont foulé les terres de Sicile. Certains y ont bataillé, d’autres y ont bâti. Et vous y battrez peut-être le pavé, le temps d’un long week-end ou d’un séjour prolongé. Car la Sicile n’est pas seulement l’extrémité un peu perdue de la botte italienne : elle cultive son insularité comme on cultive jalousement un jardin secret. Tout, ici, y est unique et authentique. L’architecture est influencée depuis la nuit des temps par les hordes d’envahisseurs qui ont façonné l’île à leur image : tantôt grecque, tantôt romaine, arabe, normande ou encore byzantine. La trinacria, l’île aux « trois pointes », est un bijou historique et un patchwork culturel et social : Palerme la bouillonnante, Agrigente et ses temples, les villes baroques du sud est, Syracuse et son quartier phare, Ortygie, le monstrueux Etna et les îles volcans des éoliennes. Une telle mosaïque de paysages et d’ambiances ne doit pas faire oublier l’essentiel : les Siciliens. Car on ne se rend pas sur l’île comme on visite un musée. On y vient aussi pour aller à la rencontre d’un peuple au caractère bien trempé, à la gentillesse naturelle et au sens de l’accueil légendaire. Humbles et fiers, discrets mais démonstratifs, les habitants vous surprendront. 

 
Palerme, la bouillonnante

Envoyer une carte postale de Palerme est chose impossible. On ne peut réduire une telle cité à une image, un angle, une prise de vue. Il faudrait pouvoir rendre compte du mouvement, de la vie, des odeurs, des sons ou encore de la chaleur de la capitale sicilienne. Car, loin des « villes-musées » comme Florence, Rome, ou Venise, les amoureux de l’Italie trouveront à Palerme les échos les plus authentiques et les mieux préservés de la vie populaire d’antan.
Un écrivain arabe du XIVe siècle écrivait : « Palerme est sale et féerique comme une bouffée tirée d’une pipe de haschich. » Plus que jamais amoureuse des paradoxes, la Palerme du XXe siècle ne semble pas avoir changé : superbe, mais meurtrie par les ravages de la dernière guerre, respectant la mort, qu’elle placarde sur ses murs délabrés, mais grouillante de vie dans ses quartiers populaires jusque dans ses délires baroques. Vous pourrez l’aimer ou la détester mais jamais elle ne vous laissera indifférent. Avec ses 80 églises, ses 50 palais, ses 725 000 habitants, son urbanisation anarchique, ses embouteillages, ses ordures exposées au soleil, sa délinquance, c’est une ville à la violence symbolique éclatante, toujours surprenante et tellement fascinante ! 
 
À quelques kilomètres du centre-ville, la cathédrale de Monreale, bâtie sur mont Royal à 300 mètres d’altitude, domine fièrement Palerme. Fruit de l’architecture arabe, normande et byzantine, ce chef d’œuvre est surtout réputé pour abriter sur ses parois supérieures le cycle de mosaïques le plus vaste d’Italie. À l’image de cet imposant édifice religieux qui veille sur la capitale sicilienne, le vieux village d’Erice, situé sur les hauteurs de Trapani, sur la côte ouest de l’île, surprend les voyageurs. C’est ici que les Siciliens viennent chercher un peu de fraîcheur l’été lorsque le mercure s’affole. À 756 mètres d’altitude, ce « village dans les nuages » est un oasis de quiétude où il fait bon se promener : on y dénombre pas moins de 60 églises et 250 cours fleuries, jalonnées ça et là par des puits et sillonnées par des ruelles piétonnes.