Un panel d’experts internationaux a bûché pendant cinq ans avant d’élaborer 10 recommandations de Santé Publique pour lutter contre le cancer. Validés, concrets et pertinents, les conseils sont à la portée de tous et à appliquer dans sa vie de tous le jours. Détails.
C’est l’une des plus grandes études internationales jamais réalisées, du moins la plus exhaustive. En tout, ce sont 21 experts internationaux, 9 équipes scientifiques indépendantes et des centaines de scientifiques spécialisés qui se sont penchés sur plus de 500 000 publications scientifiques avant de n’en retenir que 22 000. Au final, après cinq ans d’analyse et d’évaluation, les experts ont rendu en novembre dernier les dix recommandations tant attendues pour lutter contre le cancer. À appliquer dans notre vie de tous les jours. Si ces conseils n’ont rien de vraiment surprenants et de novateurs – certains ont déjà été clamés et ressassés par le PNNS (Programme National Nutrition Santé) -, ils posent un éclairage pertinent sur le flot de conseils que nous recevons chaque jour via les médias, les messages de santé publique et que nous ne savons pas toujours mettre en application.
1. Consommer au moins 600 g de fruits et légumes par jour
Leur consommation, sans inclure les féculents, a un effet protecteur contre le cancer. « C’est en 1981, aux Etats-Unis et pour la première fois, que l’impact de l’alimentation sur les cancers a été mis en avant, explique le Pr Elio Riboli, spécialiste de la nutrition et du cancer et responsable de la division épidémiologique à l’Impérial College de Londres. En 2002, un rapport scientifique de Lyon conclut également qu’il existe un lien suffisant entre obésité, surpoids, sédentarité et certains cancers ». D’où l’importance de faire le plein de fruits et légumes ! « Une personne devrait consommer au moins 400 g de fruits et légumes par jour », précise le Pr Riboli. Soit cinq portions par jour ». Et dans la pratique ? Rien de plus simple. En croquant deux pommes dans la journée, on arrive déjà à 300 g. Si on rajoute des légumes au déjeuner et au dîner, les 600 g sont largement atteints. Ne pas oublier de varier les légumes et les fruits de couleur différente et de consommer les produits à base de tomates et les plantes de la famille de l’allium (comme l’ail), ces dernières participant à la réduction probable du risque de cancer du sein.
2. Limiter la consommation de viande rouge et éviter la charcuterie
Il est recommandé de consommer moins de 500 g de viande rouge par semaine et peu ou pas du tout de charcuterie. En effet, ces deux aliments d’origine animale sont associés à des risques du cancer colorectal. Ces risques sont toutefois modestes. « La viande n’entraîne tout de même pas les mêmes risques que le tabac, précise Elio Riboli. Les fumeurs ont un risque de 63 % plus élevé de développer un cancer du poumon que les non-fumeurs ».
Il est difficile de se prononcer sur leur rôle dans la prévention des risques de cancers. Certaines études démontrent que leur consommation est globalement associée à une réduction d’environ 10 % du risque du cancer du colon-rectum. D’autres, notamment réalisées en Europe et aux Etats-Unis, suggèrent qu’une alimentation excessive en calcium est associée à une faible augmentation du risque de cancer de la prostate. Les avis étant encore trop contradictoires, les experts préfèrent attendre d’y voir plus clair avant de se prononcer.