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L'autre visage de la chirurgie esthétique

  • Psycho
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Défaut réel ou supposé ? C’est tout l’art, pour le praticien, de le déceler. « Gêné depuis des années par une culotte de cheval, des seins trop gros ou minuscules, on peut décider un jour de corriger ce défaut réel, vécu normalement. Parce que les circonstances de la vie sont propices, que l’on a gagné une certaine confiance en soi », remarque le Dr Nicolau. A l’inverse, le défaut est supposé lorsqu’il est vécu exagérément. Exemple : la patiente voit son nez difforme alors qu’il est « normal ». Accepter que le bistouri touche le corps peut alors cacher une blessure enfouie, un manque d’estime de soi, être la manifestation d’une angoisse que la personne n’arrive pas à exprimer autrement que par cet acte. « Pour certaines femmes, la chirurgie esthétique répond à une angoisse narcissique qu’elles n’arrivent pas à verbaliser mais qu’elles reportent sur leur corps », explique le Dr Millet-Bartoli. Et de citer l’exemple de l’une de ses patientes qui envisageait une opération du ventre après s’être fait refaire le nez et les seins. « Elle avait ce sentiment qu’on préférait sa sœur, de ne pas être aussi bien qu’elle. Lorsqu’elle a compris qu’elle pouvait avoir sa place autant que sa sœur autrement que par son corps, elle a renoncé à cette troisième opération ». « Le corps peut être utilisé comme corps-écran pour y projeter son conflit interne, ses émotions, ses désirs, ses fantasmes, confirme Sandra Murcia. Je me souviens d’une adolescente qui souhaitait refaire son nez. Lors de notre entretien, j’ai appris que ses parents étaient séparés et que sa mère lui répétait souvent qu’elle avait le même nez que son père. Pour cette jeune fille, il existait un réel conflit entre le désir d’être aimée et l’interdit d’aimer son père ».

Certes, il est essentiel de percer à jour les demandes des patientes. Mais le Dr Nicolau reconnaît qu’il est parfois difficile de faire une analyse plus poussée de la personnalité de certaines d’entre elles et de savoir si la raison qu’elles invoquent cache une détresse. « Notamment lorsqu’elles mentent ou parce que nous ne sommes pas psychanalystes. D’où la nécessité, dès que nous palpons un problème sous-jacent, de nous tourner vers un psychologue ».
 

L’intervention du psychologue : systématique ?

Personnalités narcissiques éprouvant ce besoin de séduire pour se rassurer, peur permanente de ne pas être aimée, séparation douloureuse, sentiment de ne plus rien valoir aux yeux de l’être aimé… Lorsque que la faille est diagnostiquée, la demande de chirurgie esthétique n’est plus anodine. Le passage à l’acte est-il un leurre ? Une façon illusoire de masquer la réalité ? « Certainement pas, affirme Sandra Murco. La chirurgie esthétique coupe, aspire, fait des bleus, marque. La confrontation avec la réalité est bien réelle, parfois violente. En revanche, l’illusion peut se manifester dans l’attente de la patiente envers le chirurgien qu’elle va considérer comme un magicien ». Or, le chirurgien est tout sauf un faiseur de miracle. Et son bistouri n’a rien d’une baguette magique qui efface tous les problèmes. Lorsque la demande déplace un problème, l’importance de la consultation avec un psychologue revêt toute son importance. « Notamment pour éviter que l’opération ne fasse basculer la patiente fragile dans l’effondrement », constate le Dr Nicolau.