Eternelle romantique, la baronne Nadine de Rothschild raconte dans un de ses derniers ouvrages les histoires d'amour de trente femmes riches et célèbres qu'elle a pu côtoyer à un moment de son existence. Elle nous reçoit aujourd'hui, à son domicile, pour nous parler de sa vie à elle.
Arrivées devant l’appartement parisien de Nadine de Rothschild, nous sonnons et une gouvernante vient nous ouvrir. Madame la baronne nous attend dans son salon. Elle est ravissante avec ses yeux rieurs, son visage lisse et sa peau constellée de tâches de rousseur. Nadine nous sert elle-même du thé glacé, puis s’installe confortablement sur son moelleux canapé pour répondre à nos questions. Savoir Maigrir : Jeune fille, vous avez été mannequin, actrice et danseuse. Quel est le sentiment que vous nourrissez aujourd’hui envers le monde du cinéma et du théâtre ? Nadine de Rothschild : Les côtés négatifs de ce monde là sont le manque de féminité de nos comédiennes dans leurs tenues vestimentaires et dans leur langage. Il y a des mots, aujourd’hui, qui sont terriblement choquants dans la bouche d’actrices qui représentent tout de même un univers qui fait rêver. Un jour, j’ai demandé à une de ces jeunes femmes quelle serait sa réponse devant un texte où on lui demanderait “ est-ce que tu m’aimes ? ”. Dirait-elle “ ouais, je t’aime ”, ou bien “ oui, je t’aime ” ? C’est devenu d’une telle banalité qu’elle a été incapable de me répondre ! L’autre jour, une autre de nos charmantes jeunes comédiennes, lors d’une interview, a dit au moins 30 fois le mot “ vachement ”. Si c’est ça les comédiennes d’aujourd’hui, alors je leur conseille de retourner au conservatoire apprendre les grands classiques pour transmettre ensuite quelque chose d’élégant. S. M. : Pourriez-vous envisager de reprendre une carrière de comédienne ? N. de R. : On me l’a déjà demandé et j’ai répondu non. Parce que d’une part je n’ai plus l’âge de jouer la comédie et d’autre part je n’en ai pas l’envie non plus. Bien sûr, je reste encore sur le devant de la scène vu que j’écris et que je passe à la télévision, mais apparaître en tant que comédienne, non, sûrement pas. S. M. : Vos livres traitent de savoir-vivre, quels sont les excès que vous vous autorisez dans la vie de tous les jours ? N. de R. : Je ne fais aucun excès, car à partir du moment où j’ai pris le parti d’enseigner le savoir-vivre, je n’ai pas le droit de m’autoriser une ligne de conduite différente. Et puis je ne vois pas pourquoi j’aurais deux langages. Même lorsque je dîne seule, je mets un napperon avec une fleur devant moi, comme je l’ai toujours fait depuis mes quatorze ans. Les bonnes manières, c’est une mentalité qui a toujours été la mienne. Je n’ai jamais été attirée par le bas, j’ai toujours voulu m’élever. Si j’avais une devise, ce serait “ lift ” et pas “ down ”. S. M. : Si on est invitée à dîner alors que l’on est au régime, comment est-on supposée se comporter ? N. de R. : Si c’est une invitation exceptionnelle, vous pouvez craquer mais sans excès. Ou alors vous avez la solution de dîner léger avant la soirée, ainsi vous ne craquerez pas du tout. Maria Callas avait, à ce sujet, un grand secret qu’elle me confia un jour : “ Vous savez, Nadine ”, me dit-elle, “ le meilleur exercice à faire pour maigrir, lorsqu’on vous présente un plat, c’est de faire tourner sa tête de la droite vers la gau-che.« “Le meilleur exercice pour maigrir, c’est de tourner la tête de la droite vers la gauche. De dire non”. » ” Effectivement, en disant “ non ”, on est sûre de maigrir ! (rires) S. M. : Avez-vous déjà été au régime ? N. de R. : Non, et je ne veux pas m’y mettre. D’abord parce que je sais que je ne m’y tiendrais pas, ensuite parce que je sais qu’aucun médecin n’aura une influence sur moi. J’aurais certainement besoin de faire un régime, mais je n’aurais aucune volonté à lui accorder. S. M. : Quels sont vos plats favoris ? N. de R. : (elle sourit, gourmande) Ce sont ceux qui vous tombent directement sur les fesses ! S. M. : Faites-vous du sport ? N. de R. : Je pratique tous les jours une heure de natation. Faire de la gymnastique, j’ai horreur de ça donc je ne le ferai jamais. Mais je pratique les sports qui me plaisent : je fais du ski, je chasse... S. M. : Quelles règles d’hygiène de vie vous imposez-vous ? N. de R. : Je ne bois pas, je ne fume pas, mais je mange, ça oui ! (elle lève les yeux au ciel) J’ai également comme règle de ne pas utiliser de savon. Je ne me suis jamais de ma vie lavée le visage au savon. Je me démaquille exclusivement avec des crèmes et je ne prends mes douches qu’avec un gant de toilette et de l’eau. Une fois par semaine, je me savonne un peu le corps sous la douche, mais c’est tout. D’ailleurs, un des grands dermatologues qui travaillait chez nous à la Fondation Rothschild me l’avait confirmé : mieux valait prendre deux douches par jour que d’utiliser du savon, si agressif pour la peau ! S.M. : Pour bien des lectrices, votre parcours ressemble à un conte de fée. Quelle est la part du magique et celle de l’effort et de la volonté ? N. de R. : Pour le magique, je crois qu’un jour Dieu a dû poser un doigt sur moi et qu’il m’a donné ce sens de la réalité, l’intuition avec les gens et aussi la force de savoir dire “ non ”. Je crois que dans la vie, on a cinq minutes de chance, mais que la sixième il faut la travailler. Si vous avez envie de réussir, alors vous le portez en vous et, quoi qu’il advienne, vous réussirez. Personnellement, je savais depuis mes quatorze ans que je réussirais. Je ne savais pas comment ou grâce à qui, mais c’était pour moi une certitude. Je pense que derrière chaque réussite, il y a un moment de chance qu’on a transformé grâce à beaucoup de travail. Si vous croyez que la chance va vous suivre sans rien faire, vous vous trompez. S.M. : Une journée de Nadine de Rothschild ? N. de R. : Je me lève très tôt. Trois fois par jour, je reçois mon courrier auquel je dois répondre (elle désigne son classeur plein de lettres). Puis je m’occupe de moi, car je ne sors jamais sans être soigneusement maquillée et coiffée. Je m’occupe énormément d’oeuvres caritatives et de fondations, je suis une mère de famille et une grand-mère et enfin je suis écrivain. Mes journées, comme vous le voyez, sont bien remplies. Nadine de Rothschild a publié chez Robert Laffont : “Le bonheur de séduire et l’art de réussir”, et “L’amour est affaire de femmes”. Elle a aussi récemment publié chez Michel Lafon : “Jours heureux à Quiberon”.