Depuis quelques années, régulièrement, des parlementaires proposent des projets de textes prévoyant de taxer certains produits alimentaires (produits gras ou produits sucrés ou produits gras et sucrés…), avec pour motif de combler le déficit de la sécurité sociale tout en luttant contre l’épidémie d’obésité. Pour l’instant, ces projets ont toujours été rejetés. Mais cette année plus que jamais, ce sujet fait débat. Passera, passera pas ?…
Il est vrai que le surpoids et l’obésité progressent dans notre pays, et il est vrai que notre alimentation est un peu déséquilibrée.
Mais :
- Notre alimentation française n’est pas catastrophique. Nous avons un bon modèle alimentaire, avec des repas structurés et des habitudes culinaires culturelles qui nous font respecter instinctivement notre alimentation.
- Comme ma profession passe son temps à le clamer, il n’existe pas de bons et de mauvais aliments. Il n’existe donc pas d’aliments qui font grossir. Seuls des excès alimentaires ou des restrictions alimentaires ou des comportements alimentaires perturbés peuvent être impliqués en partie dans le phénomène de prise de poids. Mais aucun aliment en soi ne fait grossir et ne peut donc être pointé du doigt.
- Même si les aliments et boissons les plus gras et les plus sucrés ne sont pas ceux que nous devons consommer le plus chaque jour, nous sommes loin de le faire. En France, les quantités de sodas, chips, barres chocolatées consommées au quotidien sont faibles. Certaines personnes ont des comportements excessifs vis-à-vis de ces aliments et boissons, mais elles sont loin de représenter la majorité des Français, et il est donc souhaitable de faire de l’éducation alimentaire pour modifier des comportements alimentaires individuels de manière personnalisée, plutôt que de faire croire à l’ensemble de la population qu’il est dangereux de consommer de temps en temps une boisson sucrée ou une gourmandise.
Ce type de mesure va peut-être renflouer un peu les caisses de l’Etat, mais il est très peu probable qu’une taxe sur les produits alimentaires les moins « nutritionnellement corrects » résolve les problèmes de surpoids dans notre pays. Pour cela, il faut plutôt aider la population à manger mieux et surtout, à bouger plus !