La rétention d’eau par insuffisance veino-lymphatique
Il s’agit d’une symptomatologie moins grave que les œdèmes d’origine cardiaque ou rénale mais pouvant être invalidante sur le plan physique et pénalisante sur le plan esthétique.
Quel est son mécanisme ? L’eau circule en traversant la membrane des cellules de proche en proche afin d’assurer les échanges et de maintenir une hydratation correcte des tissus. L’eau va ainsi du capillaire artériel vers le tissu interstitiel et revient du tissu interstitiel vers le capillaire veineux. Cette circulation dépend des pressions et des mécanismes hormonaux cités plus haut. Or, ce système de retour veineux est complété par la circulation lymphatique. Les lymphatiques sont des vaisseaux chargés de drainer la lymphe, liquide visqueux et de débarrasser ainsi l’excès d’eau qui aurait tendance à s’accumuler dans certaines parties de l’organisme et notamment dans les parties déclives. Ils se réunissent pour se jeter dans un conduit appelé la veine Azygos qui vient elle-même se jeter dans la veine cave. C’est ainsi que dans les suites d’une intervention pour cancer du sein avec curage ganglionnaire, ce dernier peut léser la circulation lymphatique du creux axillaire avec apparition d’un « gros bras ». La patiente a dans ce cas le bras du côté opéré qui enfle parfois jusqu’à la main, le tissu interstitiel n’étant plus drainé correctement. Cette complication est invalidante et inesthétique.
Quels sont les mécanismes qui vont provoquer et favoriser l’insuffisance veino-lymphatique ?
Ils sont plusieurs. Tout d’abord, il faut savoir que les femmes sont plus exposées que les hommes à l’insuffisance veino-lymphatique car leur masse musculaire est moins importante et leurs tissus interstitiels plus mous avec plus de graisse. L’imprégnation hormonale liée au cycle menstruel joue également un rôle et, enfin, le tonus veineux est souvent plus faible[1]. C’est pourquoi les nombreuses femmes dont les jambes sont lourdes après une station debout prolongée doivent se voir prescrire un traitement phlébotonique et parfois le port de bas de contention dont heureusement l’esthétique s’est considérablement amélioré depuis un certain temps. Certaines jeunes filles souffrent aussi d’un lymphœdème idiopathique, c'est-à-dire sans cause apparente.
Les facteurs principaux jouant un rôle pour les deux sexes sont la grande obésité associée ou non à d’autres maladies comme le diabète ou l’insuffisance cardiaque. Dans une obésité constituée depuis longtemps et parfois associée à des varices qui vont augmenter encore les troubles par des dermites allant parfois jusqu’à l’ulcère de jambe, surtout au niveau de la malléole, le tissu conjonctif est remanié, induré et infiltré de cellules graisseuses et de cellulite. « Les femmes sont plus exposées que les hommes à l’insuffisance veino-lymphatique, leur masse musculaire étant moins importante »Cela gêne évidement considérablement le retour veineux et lymphatique. Les membres peuvent être considérablement déformés et boudinés avec un état de la peau et du tissu sous cutané très altéré.
Quels traitements proposer dans l’insuffisance veino-lymphatique ?
Les traitements médicamenteux ont une influence très limitée, notamment les phlébotoniques et les diurétiques à prescrire dans des indications très particulières.
La chirurgie des varices peut dans certains cas améliorer la situation en rétablissant le retour veineux et en supprimant la stase sanguine qui étouffe les tissus adjacents à la veine variqueuse.
L’amaigrissement et le régime diététique sont aussi un des piliers du traitement car la perte de poids importante est une partie de la solution du problème. On pourra éventuellement proposer par la suite une reprise de l’activité physique comme la natation.
Que reste-il alors à proposer ?
Le reste du traitement va vers la physiothérapie, à commencer par la contention veineuse élastique avec port de bas ou de bandes élastiques dans certains cas.
Ensuite il existe le drainage lymphatique manuel ou des moyens plus sophistiqués proposés souvent en médecine esthétique, comme la pressothérapie. Cette technique est réalisée avec un appareil constitué par une botte pneumatique adaptée au membre inférieur du patient et dans laquelle le membre va être comprimé.
L’Endermologie est aussi une technique complémentaire réalisée avec un appareil doté de rouleaux masseurs destinés à écraser la cellulite et à assouplir les tissus superficiels en cassant les fibres conjonctives devenues trop rigides.
D’autres techniques font appel à l’électrothérapie, la cryothérapie (traitement par le froid), les enveloppements, et notamment l’hydrothérapie dans les cures thermales.