Pour essayer de répondre à cette question, il faut d’abord essayer de rappeler la physiologie, c'est-à-dire les règles et le mode de fonctionnement de l’organisme (dans la mesure où on les connaît).
La corpulence d’un individu dépend de son métabolisme, qui pourrait se comparer à une entreprise de travaux publics chargée de sa construction et de son entretien.
L’Entreprise Métabolisme gère trois postes principaux qui sont :
- les dépenses énergétiques qui assurent la production de chaleur, la thermogenèse, et permettent toutes les activités de l’organisme,
- l’anabolisme ou (re)construction des constituants de l’individu,
- le catabolisme ou destruction de ces mêmes constituants car ils sont à renouveler, ou pour assurer les dépenses énergétiques quand les apports caloriques sont insuffisants.
Dans le cas d’une pénurie drastique en apports énergétiques, l’Entreprise Métabolisme va faire comme Bernard Palissy, elle va brûler ses meubles pour chauffer la maison et assurer les consommations nécessaires au fonctionnement de l’individu. Cela survient dans les situations de famine avec des sujets n’ayant plus que la peau sur les os. Dans ce cas, les fonctions métaboliques et générales sont atteintes et il peut y avoir un point de non retour où il est impossible de réalimenter le patient trop amaigri qui, par ailleurs, après avoir été tenaillé par une faim épouvantable a perdu l’appétit. C’est ainsi que des déportés sont morts après avoir été libérés trop tard. On peut également retrouver ce type de situation chez les anorexiques mentaux.
Les apports caloriques sont régulés au niveau d’une partie du cerveau qui s’appelle l’hypothalamus et qui dispose pour cela de deux centres, celui de la faim et celui de la satiété.
La faim va donc provoquer le désir et la recherche d’aliment et une fois que l’estomac est plein le centre de la satiété va détourner le sujet de la nourriture. Chez les sujets de corpulence normale, le poids est maintenu par ce système avec une variation des apports caloriques en fonction de l’activité consommatrice et du maintien d’une corpulence idéale.
Malheureusement, le système peut se dérégler du fait des nombreux paramètres comme le vieillissement, la grossesse, des stress psychologiques, les contraintes sociales et conviviales liées aux repas et à la consommation d’alcool. De plus, dans la civilisation moderne il y a abondance de nourriture quantitativement et qualitativement et la recherche du plaisir peut rendre « le manger » analogue à une drogue. Les comportements alimentaires dérivent avec une alimentation industrielle trop riche en sucre et en graisse et provoquent une augmentation de la proportion d’obèses dans les pays développés.
Enfin, chez l’obèse comme chez le sujet maigre, il y a une résistance à la modification du poids qui s’installe lors d’une variation des apports. C’est ainsi que quelqu’un qui cherche à maigrir en réduisant ses apports voit sa thermogenèse diminuer plus que son poids. L’inverse se passe d’ailleurs pour un sujet maigre qui cherche à grossir. Enfin, le centre hypothalamique garde en mémoire les restrictions alimentaires qu’il va interpréter comme des risques de famine par un réflexe archaïque datant de l’homme des cavernes. Il va s’opposer au régime diététique d’autant plus qu’il est drastique en diminuant la production de chaleur plutôt que la consommation des réserves, en favorisant le stockage des graisses et en relançant l’appétit dès que le sujet qui essaie de maigrir baisse sa garde. C’est ce qui explique le phénomène du yoyo avec une reprise de poids souvent supérieure à la précédente, désespérant ainsi le candidat à l’amaigrissement. Les objectifs de pertes de poids doivent donc être revus à la baisse d’autant qu’une perte de seulement 10 % du poids amène souvent un bénéfice important sur le plan de la santé. Par ailleurs, une place importante doit être réservée à l’exercice physique. Enfin, l’aspect qualitatif de l’apport alimentaire doit être pris en compte en modifiant ses habitudes, ce qui est loin d’être aisé dans bien des cas.