Problèmes familiaux, soucis d’argent, inquiétudes diverses… vous êtes stressé pour de multiples raisons ? Du coup, vous avez l’impression de vous jeter sur la nourriture et de manger sans faim. Ou plutôt sans fin ! L’histoire de compenser sans justement penser aux conséquences. Explications de l’influence du moral sur le physique et notamment sur la prise de poids, avec la collaboration du Professeur Bernard Guy-Grand, Médecin nutritionniste, Consultant au Service de nutrition de l’hôpital Hôtel-Dieu (Paris).
" Le stress me fait manger tout et n’importe quoi ! ". Qui n’a jamais soupçonné un trop-plein d’anxiété une fois confronté à quelques problèmes de poids ? Vous êtes stressé et vous avez justement tendance à " boulotter ". Autrement dit à " manger tout ce qu’il ne faut pas ". Du coup, vous avez du mal à garder le poids que vous avez difficilement réussi à perdre ou à maintenir. " Les prises de poids conduisant à l’obésité débutent très fréquemment après un traumatisme psychologique et/ou une situation conflictuelle, énoncée ou non clairement par le patient ", remarque le Professeur Bernard Guy-Grand. Heureusement, le médecin nutritionniste est là pour vous écouter. Certes, vous avez quelques kilos en trop, mais encore une fois, tout est lié au contexte dans lequel vous vivez. Au fil des consultations, le spécialiste va tenter de rassembler les éléments – personnels, familiaux et sociaux - de votre vie pour mieux reconstituer l’histoire de l’évolution de votre courbe de poids. Autant de détails et de précisions indispensables pour déterminer vos objectifs thérapeutiques. Ensemble, vous allez définir votre propre stratégie d’action. Et cette intervention va bien souvent au-delà des techniques de perte de poids. Toutefois, ce n’est pas parce que vous avez plein de problèmes qui vous tombent dessus en ce moment que vous allez forcément vous mettre à grossir. " On constate que l’obésité, maladie de l’adaptation à l’environnement, se développe indépendamment de toute référence au stress ", note le Professeur Bernard Guy-Grand. Et aucune étude en la matière n’a encore prouvé la relation de cause à effet entre la fréquence des situations de stress et la prise de poids. Bien souvent, les circonstances invoquées par le patient restent tout à fait banales. Une réaction normale Tout le monde réagit au stress ! Avec des différences selon les individus. Le stress est une façon de répondre à une agression extérieure quelle que soit son origine et son intensité. Conséquence : notre organisme " prépare " sa défense pour rétablir " l’ordre ". Autrement dit l’équilibre mis en péril par des contraintes externes ou internes. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir ! Seuls problèmes: le simple fait de solliciter ces mécanismes de défense en permanence et de façon durable suffit à déclencher directement toute une succession d’effets neurologiques. Un tel phénomène peut entraîner des lésions organiques ou conduire à l’anéantissement de ces moyens de défense. Or, ces mécanismes de défense naturels agissent sur la régulation, la prise de poids et nos réserves et dépenses d’énergie (métabolisme de base). Bien sûr, les situations de stress sont diverses et variées. Et il y a autant de façons de réagir qu’il y a d’individus. Des plus dramatiques aux plus banals, les niveaux d’agression sont différents d’un contexte à l’autre au quotidien. Telle circonstance va avoir tel impact sur une personne. Car, tout le monde ne perçoit pas les choses de la même façon et du coup, ne réagit pas pareil. Tout dépend là encore de l’histoire de chacun, de son vécu personnel, du moment où ces situations de stress surgissent dans la vie et également des prédispositions génétiques de la personne. Le comportement alimentaire De plus, divers éléments rentrent en ligne de compte au moment où nous mangeons. D’origine physiologique (biologique, énergétique), psychologique (affective, émotionnelle) ou environnementale (psychosociale), ils agissent étroitement et de façon normalement harmonieuse sur le phénomène de la faim, du rassasiement et de la satiété. Ils sont là pour couvrir nos besoins, leur satisfaction et favoriser le désir. C’est pourquoi on se sent bien, soulagé après un bon dîner. Une fois éprouvé ce plaisir, on a de nouveau envie de manger. Ces sensations contribuent à notre équilibre alimentaire. Elles participent ainsi au contrôle du volume et de l’intervalle entre les repas pour réguler le bilan d’énergie. Seulement, cet équilibre peut se révéler fragile, l’affectif et l’émotionnel prenant parfois le pas sur les nécessités purement biologiques de notre corps. " D’autant que ces mécanismes régulateurs sont beaucoup plus efficaces pour réduire les effets de la famine que pour se détendre des excès ", précise notre médecin nutritionniste.
« Les chiffres• Le stress correspond à près de 50 % des visites en médecine générale.• Un Français sur sept prend des anxiolytiques ou des antidépresseurs. » Résultat : on a plus de facilité à calmer sa faim qu’à remédier à ses excès. Manger dépasse le simple fait de se nourrir. " L’individu est un tout et les besoins affectifs qui peuvent le conduire à manger sans faim et sans fin, c’est-à -dire à ignorer les signaux de la satiété, font sans aucun doute appel à des relais biologiques, déclare le Professeur Bernard Guy-Grand. On connaît d’ailleurs de mieux en mieux ces intervenants biologiques ". En attendant, on passe son temps à grignoter devant son bureau ou la télé. On se livre à des séries de compulsions voire des crises boulimiques. " Voilà autant de formes de troubles alimentaires, dit le spécialiste. Ces derniers ne sont pas pour autant connus des seuls sujets qui prennent du poids. Même si on les retrouve chez les deux tiers d’entre eux. Cette prise alimentaire est alors plus intense. Ces troubles se manifestent toujours au moment de conflits passagers : lutte contre la dépression, anxiété, ennui, compensation d’un vide, manque… Engloutir trop de nourriture devient pour nous une façon de répondre à une situation psychologiquement difficile. Le principal est de ne pas en faire une réponse systématique au moindre malaise. A vous de préserver votre équilibre alimentaire de manière responsable ! Stress et obésité abdominale " De nouvelles données sont susceptibles d’apporter quelques éléments de réponse au moins en tant qu’hypothèse crédible au sujet de la relation entre stress et obésité abdominale ", indique notre médecin nutritionniste. Schématiquement, le raisonnement qui associe le dépôt excessif de graisse intra-abdominale, ses conséquences médicales regroupées au sein du syndrome métabolique et les stress minimes mais répétés de la vie courante repose sur le rassemblement de données épidémiologiques d’observations, cliniques, métaboliques, expérimentales et génétiques… Cortisol (hormone élaborée à partir du cholestérol, secrétée par la glande corticosurrénale), mais aussi, du coup, hormones sexuelles, testostérone chez l’homme, estradiol chez la femme, ou hormone de croissance basse, favorisent par différents mécanismes métaboliques la déposition de graisse abdominale. Un phénomène qui peut donc être à l’origine de l’obésité abdominale ou viscérale et sa série de pathologies associées (syndrome métabolique) dans lequel l’insulinorésistance joue un rôle majeur. Les justifications ? Comme le prouvent de nombreuses études épidémiologiques, la quantité de graisse abdominale se trouve associée à une série de handicaps psychosociaux ou socio-économiques, à la dépression, la consommation d’alcool ou de tabac. Le cortisol semble bien activer la prise alimentaire par des mécanismes encore très mal connus. " Tous ces éléments ne font pas une démonstration indiscutable mais, par leur cohérence, ils contribuent à accréditer l’idée que la relation biologique de stress a quelque chose à voir avec la genèse de certaines formes d’obésité ", conclut le Professeur Bernard Guy-Grand.
Les conseils d’Yvonne Poncet-Bonissol, psychologue
Une des premières conséquences du stress est la dépression. Pour mieux l’appréhender, il suffit de traiter ses prémices : troubles de l’humeur (tristesse), difficulté d’endormissement ou de réveil, perte de désir, d’intérêt et repli sur soi, avec des idées flash de mort mais pas systématiquement suicidaires. Cette forme d’apathie s’installe insidieusement et sournoisement. Le traitement souvent à base d’antidépresseurs peut aussi être plus naturel. n Efforcez-vous de bouger ! Les sports d’endurance peuvent vous apprendre à respirer. Essayez donc d’enchaîner course et marche rapide. n Ecoutez votre corps en vous concentrant sur la respiration abdominale de manière profonde. n Faites appel aux techniques d’acupuncture, ostéopathie, bio-kinergie, réflexologie, chiropractie, shïatsu qui agissent sur des points précis du corps, porteurs d’énergie. Car il est important de stimuler les endorphines qui se trouvent dans les neuro-médiateurs du système nerveux central pour mieux réinvestir l’énergie de votre corps. « Aucune étude n’a encore prouvé la relation de cause à effet entre la fréquence des situations de stress et la prise de poids. » n Soignez votre alimentation en consommant moins de sucreries et de sucres rapides, plus de protéines et de poissons. Faites la part belle aux oméga 5 issus de l’huile de poisson... et aux oméga 3 pour la fluidité membranaire qui permettent les échanges cellulaires. Le corps tout entier en sera davantage oxygéné. n Laissez-vous aller, faites ce qu’il vous plaît. Allez à votre rythme. Ne soyez pas assoiffé de performance et évitez toute forme de culpabilisation. n Allez voir un psy pour obtenir une écoute et faire le tri dans vos problèmes. N’oubliez pas que la dépression n’est qu’une résistance au changement. Elle peut être une nouvelle naissance. D’où la nécessité d’apprendre à lâcher un comportement inadapté (anxiété, hostilité). La dépression survient souvent quand on ne s’est pas écouté suffisamment. Mais tout le monde traverse des épisodes dépressifs dans sa vie : la dépression est aussi le signe que l’on grandit. Les conseils du Docteur Laurent Chneiweiss, psychiatre* Pour lutter contre des épisodes de stress répétés quotidiennement ou plus intenses susceptibles de vous déstabiliser, quelques solutions existent. n Emotion, tristesse, anxiété, nervosité… identifiez les causes à l’origine de votre réaction au stress. n Trouvez d’autres compromis. Cherchez une personne zen dans votre entourage, par exemple, pour vous inspirer de sa manière de voir le problème auquel vous êtes confronté. n Apprenez des stratégies de détente (relaxation). La respiration par le haut du corps est source de contractions, alors que la respiration ventrale oxygène les tissus et favorise la détente. Mettez-vous donc dans les meilleures situations pour pouvoir réfléchir. n Cours sur cassette, séances chez un kinésithérapeute ou chez le psychiatre… optez pour un meilleur contrôle du stress. Accordez-vous une demi-heure par jour pendant deux mois avec l’une de ces méthodes pour dominer votre relation au stress. n Affrontez la situation ! Douloureux à court terme, ce réflexe est toujours bénéfique à long terme. Si vous êtes timide en soirée, par exemple, tentez de vous mettre progressivement au milieu de la salle et de discuter. *Auteur avec le Docteur Eric Tanneau, de Vivre sans stress (50 méthodes, 250 produits, 200 adresses), 285 pages, aux Editions Le Cavalier Bleu pratique, 20 E.A lire
Guérir le stress, l’anxiété, la dépression sans médicament ni psychanalyse de David Servan Schreiber, Collection Réponses, Editions Robert Laffont, 20 E.Du côté des stars
La dépression de la chanteuse Mariah Carey a-t-elle été la cause d’une légère prise de poids ?Quelques solutions naturelles
n Arkogélules Millepertuis. Laboratoires Arkopharma. Pour lutter contre les manifestations dépressives légères et transitoires. Associations contre-indiquées : contraceptifs oraux, antimigraineux de la famille des triptans... 12 E, le pilulier de 42 gélules. En pharmacie. n Infusion Bio Sérénité d’Equilibrance. 2,79 E. Aux rayons diététiques des moyennes et grandes surfaces. A la saveur de bergamote, elle associe les actions sédatives de trois plantes : tilleul, mélisse et verveine. La mélisse contribue au confort digestif et la verveine facilite l’endormissement. Mélisse, verveine et tilleul font partie des plantes zen. - La Mélisse : venue de l’Asie Mineure, elle est appréciée pour ses feuilles qui, lorsqu’on les froisse, offrent une odeur très douce. Cette plante a un effet sédatif et traite les troubles d’origine nerveuse : spasmes intestinaux et digestifs, colites, émotivité, anxiété et insomnie. Elle est réputée pour son action bénéfique sur le moral grâce à un effet relaxant. - La Verveine : petite plante herbacée issue d’Europe, elle possède des propriétés calmantes du système nerveux. - Le Tilleul : arbre dont les fleurs odorantes séchées servent à préparer des infusions aux propriétés apaisantes. La fleur de tilleul est particulièrement reconnue pour les fatigues nerveuses. Elle est efficace contre l’irritabilité, l’anxiété, les troubles du sommeil et les insomnies, sans risque d’accoutumance. Avant tout achat, demandez l’avis à votre pharmacien ou votre médecin.