Xavier l’a fait ! Un tour du monde en un an et par tous les temps. Avec des moments de rencontre ou d’isolement mais aussi de découvertes et d’aventures. Retour sur un récit d’aventurier aux anecdotes qui laissent rêveur.
« J’ai 38 ans et je suis informaticien. Côté loisirs, j’aime bien les sports extrêmes comme le VTT, la glisse (ski), le parapente… Et comme j’adore voyager, j’ai décidé un jour de faire le tour du monde. Au départ, mes motivations ont été multiples. J’étais justement en voyage pendant plus d’une dizaine de jours à la Réunion et j’ai rencontré des personnes qui partaient en Inde pendant six mois juste après. Ces gens n’avaient rien à voir avec des babas cool et menaient une vie normale. Cette occasion m’a fait pousser une petite graine que j’avais déjà dans la tête. J’ai eu un déclic et puis l’idée s’est transformée en projet.
Préparatifs
Au début, je ne comptais pas faire un tour du monde, mais plutôt partir voyager quelques mois. Je n’avais pas de direction précise en tête. Je souhaitais déjà faire la rupture avec les voyages plus classiques. Ce genre de séjours assez courts est souvent frustrant. Au moment où l’on commence à bien connaître les systèmes de transport, à parler quelques mots de la langue si on ne la connaît pas, à apprendre un peu les différentes coutumes, il est déjà temps de partir. En consultant des carnets de voyages sur l’Internet, j’ai commencé à voir ce que les autres personnes faisaient. Je recherchais la durée pour ne pas être pressé. Je voulais simplement rester dans un endroit suffisamment longtemps pour pouvoir vivre avec les gens, multiplier les contacts, m’imprégner un plus intensément d’une culture différente.
Certes, au début, je n’avais pas l’expérience de la préparation de ce type de voyage. Entre le moment où j’ai eu l’idée et celui où je l’ai concrétisée, il s’est passé huit mois. Au niveau de mon organisation, les choses se sont vite accélérées. Au départ, on se laisse aller à pas mal de rêveries. On imagine tous les endroits que l’on aimerait voir avec une vision romantique. On a généralement une liste de destinations beaucoup trop importante. Un an de voyage passe finalement très et il faut réduire cette liste. Je suis passé par différentes étapes de préparation de mon parcours. J’ai calculé un budget prévisionnel pour les déplacements, l’hébergement, la nourriture et les autres dépenses en fonction des différents pays. Avec un peu d’argent, on va pouvoir faire de la plongée sous-marine, un saut en parachute ou aller dans un hôtel un peu plus chic ou dans un restaurant de qualité. Et si on n’a pas d’argent, on va rester dans des pays moins chers, aller dans des hôtels plus simples et manger dans la rue. Voilà ! On peut s’adapter à différents budgets. Le mien était d’environ 15 000 euros pour un an. C’est assez confortable pour un tour du monde. Cette somme m’a justement permis de faire pas mal d’activités telles que de la plongée sous-marine, des excursions avec des guides et même de m’offrir une croisière aux Galapagos. Avec 10 000 euros, on peut faire un trajet pendant un an assez tranquillement en restant dans les pays asiatiques généralement bon marché pour un touriste occidental. Le budget est très différent suivant les endroits. On peut passer six mois en Inde, Thaïlande, Malaisie et revenir encore riche ! (Rires).
Une fois franchi ce cap de la décision, je me suis lancé dans mes démarches. Je me suis renseigné sur les différentes vaccinations à faire, les mesures administratives et l’équipement nécessaire pour garder un sac léger tout le temps. Pour réaliser ce voyage, j’ai pris une année sabbatique, congé légal en France qui dure onze mois avec différentes conditions d’obtention.
Au moment où j’ai annoncé ma décision de faire le tour du monde, les réactions ont été diverses. Les membres de ma famille proche sont sensibles aux voyages. Malgré leur inquiétude de me voir partir aussi longtemps, ils étaient plutôt contents. Parmi mes amis, certains étaient surpris, d’autres m’ont traité de fou ou ont dit que j’étais courageux. Pour ma part, je n’ai pas l’impression d’avoir fait un exploit quelconque. (Rires).
J’ai accompli mon tour du monde en solitaire. Mais ce n’était pas un choix. J’étais célibataire à cette époque. J’ai bien cherché un compagnon de route, mais cela reste quand même assez difficile parce que pour trouver quelqu’un qui veut aller aux mêmes endroits, qui fasse le même parcours, qui ait le même budget et avec qui on s’entende, ce n’est pas évident. Il est vrai que c’est une très grande appréhension de partir seul. Mais, au final, ce n’est pas un problème, parce qu’on rencontre plein de gens sur sa route avec qui partager un bout de chemin pour une heure, une journée ou un mois. On ne se retrouve seul que si on le recherche.
« Un an, c’est très court ! »
J’ai commencé mon tour du monde en août 1999. Et je suis revenu en juillet 2000. J’ai fait un certain nombre d’étapes : Madagascar, puis le Népal et l’Inde, un petit tour à Singapour, la Nouvelle-Zélande, les Fidji, les Iles Cook, Tahiti, l’Ile de Pâques, ensuite le Chili, la Bolivie, le Pérou, l’Equateur et un passage aux Galápagos. Un an, c’est très court ! Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai choisi ces étapes. Ce sont déjà des endroits où j’avais envie d’aller, notamment Madagascar, le Népal et un bout de l’Amérique du sud. En étudiant les différents tarifs aériens, je me suis aperçu que la façon la plus économique de relier les points sur la carte était de faire un tour du monde. Il y a des destinations que je n’avais initialement pas choisies de visiter. Mais je m’y suis arrêté avec bonheur.
Côté bons souvenirs, certains pays m’ont plus marqué que d’autres. J’ai bien aimé Madagascar pour la gentillesse de ses habitants. Je garde aussi en tête l’image de ses lémuriens : ces petites boules de poils sont vraiment adorables et l’on peut s’en approcher assez facilement.
J’ai aussi eu un sentiment de tristesse par rapport à cette île assez dévastée écologiquement et économiquement. D’autres régions m’ont énormément plu comme le Népal pour l’accueil de population et pour les paysages himalayens.
Côté épreuves, je me souviens d’une arrivée un peu difficile en Amérique du sud. J’ai eu un petit coup de blues en arrivant à Santiago, au Chili. Ne parlant pas bien l’espagnol, j’ai eu très peu de contact avec la population et je me suis donc retrouvé un peu seul. Au niveau météo, il est vrai qu’il faisait aussi gris et froid. J’arrivais de plusieurs mois passés dans les îles du Pacifique avec soleil, eau chaude, cocotiers. Ce fut alors un peu dur mais cela s’est bien arrangé par la suite et j’ai adoré les Andes. Quelques moments de lassitude à Madagascar à cause des différentes lenteurs du pays. Il faut se résigner à la patience. Sinon, je n’ai jamais trouvé mon voyage long. Bien au contraire, on ne voit pas le temps passer. Au bout de six mois, on se dit : « hou, là, là ! Il ne reste plus que la moitié ! ». Que de sensations !
L’alimentation était très diverse. Il y a certains endroits, comme à Madagascar, où la nourriture est proche de celle de la France. On trouve des mets extraordinaires comme le tournedos de zébus Rossini qui est excellent. Il y a aussi des pays où j’ai trouvé la cuisine assez quelconque, comme dans les quatre pays d’Amérique du sud que j’ai traversé. J’ai parfois souhaité quitter un pays plus tôt que prévu, notamment en Inde, parce que c’est un pays assez oppressant à cause de la promiscuité, du bruit, du choc culturel…
À travers mes voyages, j’ai particulièrement été touché par la destruction de la planète. J’ai l’impression que tout le monde sait que la planète fout le camp. On détruit la forêt, on la coupe, on la brûle absolument partout. Mais personne ne fait rien. J’ai vraiment une impression d’impuissance et de fatalité. Il y a des lobbys économiques importants, peut-être un manque d’informations ou encore une lassitude vu la multitude des causes à défendre. En tout cas, quand je vois des meubles de jardin en bois exotique dans une grande surface, je sais d’où ils viennent et le désastre inconsidéré des forêts des pays en voie de développement, disparition massive des espèces animales et végétales, pollution, mouvements de population indigènes.
« Lancez-vous ! »
Bilan des courses : j’ai évolué, je connais plus de choses sur le monde et sur moi-même, je suis d’ailleurs bien meilleur en géographie et en histoire qu’auparavant. Je pense être revenu à peu près le même mais avec davantage de souvenirs que si j’étais resté dans la routine et le travail. Et depuis, je voyage différemment, plus lentement. Aujourd’hui, je n’ai pas de projet de tour du monde à courte échéance. Mais cela pourrait arriver un jour. Il ne faut pas forcément longtemps pour se décider. Une occasion ou une évolution dans la vie professionnelle peut se présenter. Il faut un facteur déclenchant. Je conseille aux novices qui veulent suivre mes traces et faire le tour du monde de se lancer. Je ne pense pas que ce soit un défi particulièrement dur à relever, mais plutôt à la portée de beaucoup de gens et qui est moins cher que ce que l’on croit.
Quant à moi, depuis que je suis rentré de mon tour du monde, j’ai effectué une dizaine de courts voyages. Je n’arrête pas. Je ne suis toujours pas vacciné des voyages ! »
Pour plus d’informations sur le voyage en tour du monde :
www.voirlemonde.com