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L'autre visage de la chirurgie esthétique

  • Psycho
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TÉMOIGNAGE
Un effrayant parcours esthétique : 20 opérations pour retrouver son « vrai » visage
Quand on écoute Pierrette Dotrice*, on la sent heureuse, bien dans sa peau. La personnalité joviale de cette journaliste belge installée au Canada tranche avec son parcours et son discours à la fois surprenants et détonants. Car, durant cinq ans, Pierrette Dotrice a subi vingt fois les assauts du bistouri et a été défigurée. « J’ai fait ma première opération des paupières à 37 ans, explique-t-elle. Le déclic ? Je vivais dans un monde de tromperie et de façade. J’étais jolie mais je trouvais que mes yeux et ma bouche tombaient ». Pour être jolie, elle était vraiment jolie. Cette magnifique rousse à la plastique parfaite n’avait rien à envier aux tops models. On a du mal à comprendre son obsession de vouloir toucher sans fin ce minois harmonieux. « Quand je me regardais, je ne me reconnaissais pas. Mon visage portait des plis d’amertume qui me rappelaient sans cesse mon passé. ». Un passé qu’elle porte comme un fardeau : ses parents voulaient un garçon dont ils avaient déjà choisi le prénom : Pierre. Mais c’est une petite fille qui naît. Elle s’appellera donc Pierrette. Depuis ce jour, elle dit avoir vécu « un terrorisme relationnel » avec sa famille et considère que sa jeunesse lui a été volée. Le bistouri sera pour elle un appel intérieur, nécessaire pour rompre avec son hérédité et recommencer sa vie à zéro. Après les paupières, elle s’attaque à sa bouche, sur laquelle elle focalise et qu’elle souhaite remonter. « Pour l’inverser et retrouver le sourire », elle subira seize opérations, passant du lifting cervical, des liposuccions des bajoues aux liftings de la bouche – cinq au total ! – à la pose d’implants sous les tempes. Jusqu’à ce que le chirurgien la loupe et la défigure. Mais elle passe outre. « C’est en étant défigurée que j’ai découvert le bonheur. Loin d’être vécue comme une souffrance, chaque opération m’a permis de remettre ma tête à l’endroit. Je devais atteindre le sourire et retrouver ce visage que je m’imaginais autre depuis toujours. Je savais que j’étais sur la bonne voie ». En parallèle des opérations, Pierrette suit une psychanalyse afin de travailler conjointement le mental et le corps, de réparer « l’intérieur et l’extérieur ». Elle le dit et le répète : malgré les multiples opérations et la défiguration, elle est pour la chirurgie esthétique dont le recours a été pour elle une renaissance et une façon radicale de faire table rase de son passé. En revanche – et heureusement -, elle n’encourage pas à suivre ses pas et met en garde : « Celles qui veulent avoir recours à la chirurgie esthétique doivent mûrement réfléchir, se demander si elles en ont vraiment besoin et s’interroger sur leurs motifs. La chirurgie esthétique ne doit pas servir des buts narcissiques ou être envisagée pour plaire à quelqu’un ou correspondre à un stéréotype ». Aujourd’hui, Pierrette a 48 ans. Elle a arrêté la psychanalyse. Elle se dit libre, épanouie, bien dans sa peau. Elle se trouve jolie et n’a pas peur de vieillir. Quand on lui demande quel regard elle portesur la jeune fille qu’elle était avant toutes ces opérations, nous sommes surpris de sa réponse si dure, formulée sans ambages : « J’étais une allumeuse, une croqueuse d’hommes, ma beauté était fatale et malsaine. À présent, j’ai peut-être perdu en plastique mais ma beauté est différente, vibrante. Je suis lumineuse, j’ai retrouvé la beauté intérieure ». Songe-t-elle encore à passer sous le bistouri ? Après cette expérience bouleversante, on s’attend à une réponse négative de sa part. Il n’en est rien. Rieuse, elle déclare avec un aplomb déroutant : « je pense à faire un lifting du cou parce que je suis gênée quand je tourne la tête. Mais ce n’est pas une obsession. Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir un enfant avec l’homme que j’aime ».
 
* Auteure de « l’Opération esthétique, journal intime d’une journaliste cobaye de la chirurgie esthétique », Ed. Le Dauphin Blanc. www.pierrettedotrice.com