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Quand la balance devient un poids !

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« Je suis en perpétuel combat intérieur »

« Je suis actuellement à 81,6 kilos et je me sens bien, malgré mes problèmes de TOC. Je suis suivie deux fois par mois par une psychologue comportementaliste et je continue à perdre du poids. Cet anneau est ma sûreté, mon coach, mon sauveur, mon meilleur ami. Quand on se déteste dans son corps, que l’on se voit comme un amas de graisse et non plus comme une personne, c’est très dur. A présent, je me trouve belle, ce qui ne m’était encore jamais arrivée ». Le problème est que l’habitude de se peser devient de plus en plus fréquente après l’opération. « Je crois que la cause de mon TOC a été ma grossesse et le déclencheur, la pose de l’anneau gastrique. Car après l’opération, je me pesais six fois par jour, à raison de deux fois sur chacune de mes trois balances. Aujourd’hui, je ne me pèse plus que sur deux balances et quatre fois par jour. Je monte sur la première balance, j’enregistre mon poids, je vais sur ma deuxième balance, j’enregistre de nouveau ce qu’elle affiche et pour être sûre d’avoir le bon équilibre, il faut que je remonte une nouvelle fois sur les deux ». Mais ce n’est pas tout. Manuela va jusqu’à emmener sa balance en vacances. « Si je ne peux pas me peser, je fais des crises d’angoisse et de larmes. Rien que d’y penser, je me sens mal. J’ai l’impression d’étouffer et toute la journée je vais avoir l’impression d’avoir grossi ». Face à cette obsession, Manuela nous dit qu’il ne lui est pas concevable pour le moment de ne plus se peser. Son mari a bien tenté de lui cacher ses balances, mais la plaisanterie a vite tourné au drame, accompagné de pleurs. À présent, il sait qu’il doit lui laisser faire ce rituel, toute seule, le matin dans leur chambre. Manuela souffre de cette situation tout en restant lucide. « Finalement, que je me pèse ou pas, j’en suis malade car je suis en perpétuel combat intérieur. Je pense aussi que l’anneau a ce désavantage de voir le poids filer et lorsque la période stabilisation arrive, le doute s’installe et renforce ce besoin de se peser et de se dire « allez, aujourd’hui, j’ai au moins perdu 100 grammes ». Elle met en garde aussi. « Les gens qui se font opérés doivent savoir que l’anneau n’est pas miraculeux. Il faut se battre mais ne pas tomber dans l’engrenage de la balance et, surtout, faire confiance à son corps. Ce sont les chiffres affichés sur la balance qui détruisent. Dans mon cas, la balance est ma meilleure ennemie car je sais que, sans elle, je perdrais beaucoup plus vite ».
Aujourd’hui, Manuela n’est plus en dépression et son objectif est d’atteindre les 60-65 kilos. Côté alimentation, elle dit s’être calmée sur les produits light. Elle préfère dorénavant privilégier l’équilibre et le qualitatif au quantitatif. Elle applique bien précieusement ses petites astuces pour se donner du courage, comme acheter des vêtements trop grands qui lui donnent cette flatteuse impression d’avoir maigri. Quant au poids qui s’affiche sur ses balances, il détermine toujours son humeur du jour. Avec sa psychologue, elle essaie progressivement de limiter les pesées. Grâce à son aide, elle a déjà résolu beaucoup de ses problèmes et retrouvé une personnalité. Mais elle sait que le chemin à parcourir est encore long avant de se débarrasser de son obsession. « Même lorsque j’aurai atteint mon poids idéal, je crois que je n’arrêterais jamais de me peser. Mais peut-être qu’un jour je me demanderais comment j’ai fait pour passer par toutes ces angoisses qui accompagnent la perte de poids ». Manuela a du mal à envisager de pouvoir un jour se lever le matin sans passer par la case « pesée ». Peut-être parce qu’elle est effrayée par cette douleur qu’elle a trop souvent ressentie et qui la submerge parfois encore. Sûrement, même. « J’ai peur de redevenir comme avant. Car ce sont aussi le regard et les remarques des gens qui font mal. J’ai beaucoup souffert de la société parfois mauvaise et mesquine qui véhicule cette image de la femme parfaite et maigre, souvent représentée par une gamine de 16 ans qui pèse 43 kilos. La mode est au court et au moulant. Comment voulez-vous qu’une personne obèse se sente à l’aise dans cette société, surtout quand vous devez vous habiller avec des sacs à patate ? Quand vous ne collez pas à cette image de pin-up, on vous regarde de travers ».
Heureusement que sa famille l’a toujours soutenue pour faire face. De son côté, elle veille particulièrement sur sa petite fille qui n’a aucun problème de poids. Quand on lui demande comment elle réagirait si elle la surprenait un jour montant sur une balance, sa réponse se fait attendre, le temps de la réflexion. « Il faudrait que j’avise. Mais je pense déjà inclure une fois par semaine un rituel avec elle au cours duquel nous monterions sur la balance ensemble, comme un jeu. Je ne veux pas que mon obésité influence sa vie et qu’elle vive ce malaise ». Après avoir touché le fond, Manuela ressort certainement plus forte avec des projets plein la tête. Dans un premier temps, elle souhaite atteindre les 75 kilos afin de pouvoir être de nouveau enceinte. Et puis, elle s’attelle à la création de son association dont la cause est de venir en aide aux personnes qui se trouvent en détresse face au surpoids qui est, dit-elle, un combat de tous les jours et de toutes les heures. Mais, à aucun moment, elle n’évoque son futur sans ses balances. Normal puisque pour le moment, elle n’arrive pas à s’imaginer vivre sans. Tous les espoirs sont permis pour cette jeune femme si jeune et courageuse, dont celui de devenir une nouvelle fois maman.