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À la recherche de l'orgasme perdu

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Déstabilisant pour l’homme lorsqu’il n’arrive pas à l’offrir, frustrant et pesant pour la femme qui n’atteint pas ce plaisir fulgurant et ultime… l’orgasme est un mystère pour beaucoup de couples et n’a de cesse de faire couler beaucoup d’encre. Dans son dernier livre, « Le Traité des orgasmes » (Ed. Leduc’s), le Dr Gérard Leuleu nous explique qu’il n’existe pas un point G mais plusieurs, et que toutes les femmes peuvent y accéder ! Découverte.

A-t-on encore besoin de présenter le Dr Gérard Leleu ? Pour celles qui auraient quelques wagons de retard, Gérard Leleu est médecin, sexologue et thérapeute de couples. Il a écrit de nombreux ouvrages sur le désir, le plaisir, l’homme, la femme, l’amour, le couple. Il parle de notre intimité sans détours, mais toujours avec munificence et beaucoup de poésie. Son dernier livre « le Traité des orgasmes » est dédié à l’orgasme féminin. Il évoque les raisons pour lesquelles beaucoup de femmes n’arrivent toujours pas à l’atteindre. Mais encore la place et le rôle si important de l’homme parfois perdu et maladroit face à ce plaisir féminin si mystérieux. Il délivre des conseils simples au couple sur la façon d’appréhender le corps et celui de l’autre afin que toutes les femmes de la planète atteignent enfin le septième ciel ! Si son livre revêt parfois l’allure d’un manuel technique, le tout est très instructif  et devrait être mis entre les mains de tous les mâles ! Et, surtout, surtout, il nous précise que bien faire l’amour, donner et avoir l’orgasme est avant tout un Art qui s’apprend, en solitaire puis à deux, se découvre, se développe, se cultive. Entretien passionnant.
 
Savoir Maigrir : Vous avez écrit beaucoup de livres sur l’orgasme. Le sujet serait-il à ce point intarissable ? Pourquoi ce énième livre ?
Dr Gérard Leleu :
C’est le vingt-sixième livre que j’écris sur le thème du couple et de la sexualité, mais c’est le premier de tous qui soit uniquement consacré à l’orgasme féminin. Lors de mes consultations et des confidences que j’ai recueillies, j’ai constaté que l’orgasme vaginal reste un vrai problème. Et les statistiques le confirment : seules 30 % des femmes accèdent à l’orgasme par la pénétration.
 
S.M. : Dans le préambule, vous évoquez l’orgasme à travers les siècles et ses difficultés à exister chez les femmes. La répression de l’orgasme faisait croire à la femme que l’activité sexuelle et le plaisir étaient un pêché, une honte, un sacrilège. Ce temps-là est révolu. Aujourd’hui, les Françaises ont acquis leur indépendance et évoluent dans une société libre. Pourtant, l’orgasme est encore difficile à atteindre. Pourquoi ?  
Dr G.L. :
Pour la bonne raison qu’on ne se débarrasse pas du jour au lendemain de vingt siècles de répression ! Si l’amour était libre chez les Grecs, les Romains, les femmes non mariées et les affranchies, les femmes mariées, elles, n’avaient pas droit au plaisir. On leur laissait seulement le droit de faire des enfants. Les femmes d’aujourd’hui ont encore dans leur inconscient collectif ces relents de répression. Et n’oubliez pas que beaucoup d’entre elles sont les filles ou les petites-filles de femmes durement réprimées.
 
S.M. : Vous expliquez que l’éducation peut entraver la sexualité de la petite fille qui deviendra femme, donc l’orgasme. Quels conseils et messages faire passer aux parents sur cette question délicate de la sexualité de leur enfant ?
Dr G.L. :
Les parents ne doivent jamais réprimer leur enfant qui se masturbe, qu’il s’agisse d’un petit garçon ou d’une petite fille. La remontrance ou la gifle donnée à l’enfant va lui infliger la honte du plaisir et de son propre sexe. Le rôle de la mère n’est pas de déclencher la discussion de façon directive en indiquant à sa fille qu’elle doit se donner du plaisir. Mais si c’est l’enfant qui pose des questions sur le sujet, elle peut alors lui expliquer vaguement que cette partie du corps donne effectivement du plaisir, du bonheur.
 
S.M. : Vous donnez moult conseils aux hommes. En vous lisant, on a parfois l’impression qu’il s’agit d’un apprentissage. Pourtant, donner du plaisir à une femme ne relève-t-il pas d’un acte instinctif à la base ?
Dr G.L. :
A la base, sûrement. Mais en Occident, l’érotisme n’existe pas et la sexualité n’y a jamais été sacrée. Si elle n’est plus un pêché, elle est réduite à de la pornographie. Elle est donc à réinventer. Au sein du couple, l’homme et la femme ont une responsabilité. La femme doit s’éveiller et prendre des initiatives. Mais si malgré cela, l’homme est malhabile, la caresse mal, ne fait pas de préliminaires, exécute la relation amoureuse en quelques secondes, il est certain que la femme ne peut pas jouir. Le rôle de l’homme est essentiel dans l’union sexuelle.
 
S.M. : Vous dites : si l’homme est malhabile ou s’il caresse mal… Il y a donc une certaine façon de caresser le corps d’une femme ?
Dr G.L. : Bien sûr. Encore combien de femmes préfèrent ne pas être caressées parce que leur compagnon ne leur procure aucun plaisir et parfois, à l’inverse, leur fait presque mal !